Le RCD dénonce une «justice aux ordres»
Le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) dénonce la «détention abusive» de plusieurs militants politiques et d’ex-responsables. Dans une déclaration sanctionnant la réunion de son secrétariat national, le RCD considère cela comme la preuve de la soumission du pouvoir judiciaire à des chapelles politiques. «La détention abusive de l’ex-DG de la Cnan, Ali Boumbar, depuis 2012, ou celle de militants politiques dont des cadres du RCD, Nacereddine Hadjadj et Noureddine Kerrouchi, dans l’affaire de Ghardaïa et les traitements infligés à Slimane Bouhafs et Mohamed Tamalt pour leurs publications sur les réseaux sociaux, illustrent de façon caricaturale les limites de l’appareil judiciaire et son incapacité à se hisser comme levier de l’Etat de droit», soutient cette formation de l’opposition. Le RCD «ne cessera jamais de répéter que la soumission de l’appareil judicaire aux desideratas des chapelles de l’exécutif gangrène l’ensemble de la vie publique», souligne le parti. Il met en garde contre cette «escalade dans les atteintes aux libertés individuelles et collectives, y compris par des lois liberticides» qui «ne participe pas d’une démarche qui peut rassembler le peuple algérien pour faire face à une conjoncture économique et sociale difficile et incertaine eu égard aux nombreux conflits et périls qui pèsent sur notre région».
«Comment peut-on faire croire aux populations que les citoyens sont égaux devant la loi, quand des personnalités éclaboussées par des détournements de l’argent public, la corruption, les passe-droits ou l’évasion fiscale continuent de siéger dans le gouvernement ou dans les institutions de l’Etat, au moment ou de présumés innocents sont jetés en prison en violation de la loi ?», s’interroge le RCD.
Le parti de Mohcine Belabbas revient sur le dernier scandale au Parc Dounia dont l’attribution de terrains de façon illégale a été dénoncée par le nouveau ministre du Tourisme et de l’Aménagement du territoire. Le RCD trouve l’attitude des pouvoirs publics «sidérante», tant «il fallait soit ouvrir une enquête soit ester les auteurs de ces «accusations infondées»». «L’abandon du projet initial et les incessants changements de tutelle ont exacerbé les convoitises et le détournement du parc des Grands-vents de sa vocation initiale», estime cette formation qui ne manque pas de critiquer la gestion du gouvernement à tout point de vue.
Pour ce parti, «les mesures envisagées par l’exécutif pour enclencher une politique de développement créatrice de richesses sont aussi insuffisantes qu’incohérentes». «Dans les faits, considère-t-il, elles ne sont dictées que par des urgences. A ce titre, elles ne peuvent constituer, au mieux, qu’un replâtrage de conjoncture. La conformité fiscale ou l’emprunt obligataire ne peuvent être des solutions en soi». Le RCD assure que «demander à des entreprises fortement déstructurées et vivant d’assainissement à répétition, d’honorer des échéances de court terme qu’elles auraient dans ce cadre contractées auprès d’institutions financières internationales (banques ou autres) est une gageure. La garantie de l’Etat risque d’entrer dans le jeu dans la majeure partie des cas».
Le RCD critique l’emprunt obligataire qui expose la monnaie nationale à des risques de dévaluation importants, d’autant que les liquidités espérées sont destinées aux dépenses de fonctionnement. «Dans le même sens, le recours à l’endettement extérieur envisagé, semble-t-il, dans la nouvelle loi des finances par le biais des entreprises publiques sous l’artifice de financements de projets, risque de se transformer en un retour pur et simple à l’endettement», prévient-il.
Pour le RCD, «tous ces artifices ne peuvent cacher un environnement économique dominé par la corruption, le captage de la commande publique par les clientèles du régime, les contraintes administratives et une justice aux ordres».
Sonia Baker
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