Nouveau dérapage du journal français : «Charlie Hebdo» fait encore parler de lui
Cette fois-ci, ce n’est pas aux musulmans que l’hebdomadaire provocateur français s’en est pris dans ses caricatures déplacées et choquantes, mais aux Italiens victimes du terrible séisme qui a rasé tout un village et fait de nombreuses victimes. Preuve que ce journal ne s’impose aucune limite et pèche par sa sotte outrecuidance. Le dernier numéro de Charlie Hebdo s’est, en effet, fendu d’une caricature indécente montrant trois rescapés du cataclysme naturel, ensanglantés et définis comme des plats italiens à la sauce tomate. «Penne sauce tomate», «Penne gratinées» et «lasagnes», lit-on en Une de ce média qui semble plus que jamais se servir de l’immense marge de manœuvre dont il bénéficie depuis l’assassinat de plusieurs de ses journalistes et caricaturistes pour redoubler d’insolence et de mépris.
Charlie Hebdo avait suscité une vague de solidarité sans précédent après l’attentat terroriste commis le 7 janvier 2015 et qui a coûté la vie à onze personnes présentes sur les lieux, dont cinq caricaturistes. Mais plusieurs scandales avaient, dès après cet épisode sanglant, révélé la face cachée des survivants de ce massacre qui retournèrent la situation en leur faveur en engrangeant une grosse somme d’argent, fruit d’une cotisation à laquelle plus de 34 000 donateurs de 84 pays différents avaient contribué. Une vive polémique avait éclaté au sujet de l’usage qui devait être fait des 4,1 millions d’euros collectés après l’attentat et de la transformation de ce drame en une «affaire de fric», quand bien même le journal a indiqué qu’il reverserait la totalité de la cagnotte aux proches des victimes.
Cette mansuétude exprimée par les millions de citoyens à travers le monde – quelque peu atténuée par l’intrusion intempestive de l’ancienne ministre de Sarkozy, Jeannette Bougrab – envers ce journal n’a pas servi à tempérer l’audace inconvenante de ceux qui le confectionnent. Bien qu’ayant vécu eux-mêmes des moments difficiles, les journalistes et les caricaturistes de Charlie Hebdo font fi de toute règle de bienséance et continuent de rire des malheurs de ceux qui ont compati à leur douleur.
Charlie Hebdo s’était montré particulièrement désobligeant envers la communauté musulmane. Bien que connaissant la forte susceptibilité des musulmans lorsqu’il s’agit de leurs symboles, en tête desquels le prophète Mohamed (QSSL), ce journal n’a pas cessé de barrer sa Une avec des dessins et des titres irritants jusqu’à provoquer un attentat en plein cœur de la capitale française et d’ouvrir ainsi la voie aux autres actions terroristes qui feront plusieurs dizaines de morts à Paris et à Nice.
Ce journal satirique porte une lourde responsabilité dans la dégradation de la situation sécuritaire en France et dans le clivage intercommunautaire qui menace la sécurité de millions de citoyens. L’absence de réaction des instances compétentes – justice, syndicat des journalistes, etc. – renvoie vers un autre problème ; celui de l’inadéquation des vieilles lois françaises – et européennes en général – avec le nouveau contexte géopolitique dans lequel les médias jouent un rôle prépondérant qui peut, s’il n’est pas encadré, jouer un rôle néfaste. La frontière entre la nécessité impérieuse de faire respecter les règles d’éthique et de déontologie et la censure et l’imprimatur est ténue. Et c’est sur cette nuance subtile qu’agissent les incitateurs de Charlie Hebdo assurés de pouvoir offenser sans retenue sous la bienveillante protection policière rapprochée procurée par l’Etat français et payée par le contribuable.
Karim Bouali
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