Attar : «Un accord sur le pétrole ne réglera pas nos difficultés»
L’ancien PDG de Sonatrach, Abdelmadjid Attar, se déclare optimiste quant à l’aboutissement à un accord entre les producteurs du pétrole lors de la prochaine réunion qui aura lieu à la fin du mois. Intervenant aujourd’hui sur les ondes de la Chaîne III, cet expert en énergie estime que la participation de grands acteurs du marché à cette réunion tels que la Russie, l’Iran, l’Irak, le Venezuela et l’Arabie Saoudite constitue déjà un signe positif. Et la volonté affichée des pays de l’Opep à se rencontrer en réunion informelle en marge de ce forum de l’énergie suscite donc de l’espoir.
Pour Abdelmadjid Attar, la chute des prix du pétrole qui dure depuis plus de deux ans commence à affecter même les grands exportateurs. Et l’urgence de trouver un accord allant dans le sens de la stabilisation des pays se fait sentir quotidiennement. «La réunion du forum de l’énergie est extrêmement importante. Et le fait que les pays de l’Opep décident tous de se réunir à Alger renforce les espérances d’un éventuel accord pour stabiliser le marché pétrolier. Tous les signaux sont positifs pour la réussite de cette réunion. La Russie a déjà annoncé son accord pour une action visant le gel des niveaux de production. L’Arabie Saoudite se montre aussi favorable à une telle action», souligne-t-il. La coopération «renforcée» entre la Russie et l’Arabie Saoudite pourrait s’avérer salutaire pour le marché pétrolier. D’ailleurs, le pétrole gagne près de 1,5 dollar après les déclarations de Vladimir Poutine et du vice-prince héritier d’Arabie Saoudite sur leur entente sur la nécessité d’œuvrer à stabiliser le marché de l’or noir.
Cela même si certains experts relativisent cette hausse en affirmant que la principale raison de la remontée des prix du pétrole est que l’euro se raffermit face au dollar après des chiffres décevants sur l’emploi américain, qui pourraient remettre en question un rapide resserrement monétaire aux Etats-Unis. Aujourd’hui lundi, l’euro valait 1,1191 dollar, contre 1,1156 dollar vendredi soir. Mais Abdelmadjid Attar, qui est aussi vice-président de l’Association algérienne de l’industrie du gaz, parle de la nécessité d’un accord entre les pays exportateurs de pétrole. Pour M. Attar, cet éventuel accord ne pourra que stabiliser le prix autour des 50 dollars. Car, selon lui, le marché pétrolier est peu sensible au niveau de production en raison des stocks historiques américains qui s’élèvent à 500 millions de barils, ainsi que ceux des Chinois qui sont au même niveau de stockage. «Il existe d’autres paramètres qui entrent en ligne de compte. Nous sommes en train d’entrer dans une nouvelle où la consommation énergétique va complètement changer», soutient l’expert pour lequel l’Opep a beaucoup perdu de son influence.
Que cette organisation produise plus ou moins, ce n’est pas cela qui va contribuer à augmenter ou diminuer le prix du baril, assure Abdelmadjid Attar qui précise que l’offre actuelle de pétrole est supérieure de deux millions de barils par rapport à la demande du marché. Pour que le pétrole retrouve son niveau d’il y a quatre ans, il faudra que l’économie mondiale reprenne son envol. Car l’arrivée de plus en plus importante sur le marché des hydrocarbures non conventionnels semble chambouler totalement la donne et modifier un tant soit peu les rapports de force.
L’Algérie, qui a besoin d’un baril de pétrole de plus de 80 dollars pour pouvoir poursuivre son train de développement, ne sera pas tirée d’affaire même avec le gel de la production des pays exportateurs. Abdelmadjid Attar estime que le gouvernement doit chercher les solutions ailleurs, en dehors du baril du pétrole qui ne pourra plus assurer les finances de l’Etat. Autrement dit, «un accord sur le pétrole est possible à Alger, mais ne va pas régler les difficultés économiques que connaît le pays».
Sonia Baker
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