Face à la menace idéologique saoudienne : l’Algérie multiplie les mises en garde
Le ministre des Affaires religieuses et des Wakfs, Mohamed Aïssa a révélé l’existence d’une antenne de fatwas au service des hadjis algériens dans les lieux saints. «Nous avons réussi à convaincre les hadjis algériens à ne pas aller vers les kiosques diffusant des orientations différentes de notre référent national religieux, et permis aux docteurs d’Etat ayant formé la commission de fatwas de sortir sur le terrain et de connaître de très près la culture algérienne, grâce au contact direct et l’interactivité avec les pèlerins», a soutenu le ministre qui s’exprimait au terme d’une réunion avec les cadres scientifiques de la Biâ’tha (mission) dont il est lui-même président.
Dans le même sillage, Mohamed Aïssa a indiqué avoir remarqué que les tentatives d’invasion idéologiques «ont toutes été cadrées», y compris celles qui venaient auparavant sous l’intitulé de la bienfaisance distribuer des livres, dépliants et CD, a-t-il précisé. «Nous ne distribuons que ce que nous avons produit en Algérie. Nous avons nos manuels, nos guides et nos dépliants», a indiqué le ministre, avant d’ajouter : «Il faut que les Algériens ressentent qu’ils ont une histoire, une appartenance parce qu’il n’y a pas de volonté de la part des pèlerins de s’accaparer de ces donations parce qu’ils savent pertinemment que nous vivons une époque d’invasion sectaire, idéologique et rituelle».
Ces consignes, qui s’inscrivent dans le cadre d’une démarche globale adoptée et assumée par le ministre Mohamed Aïssa face à la montée de l’islam politique, visent clairement à prémunir la tradition religieuse algérienne des intoxications véhiculées par les idéologies politiques diverses, et notamment du dogme wahhabite, dominant en Arabie Saoudite.
Algeriepatriotique s’est fait l’écho, il y a quelques semaines, d’une intervention édifiante à ce sujet d’un chercheur en théologie, Hocine Gaham, qui avertissait contre des risques sérieux auxquels nos pèlerins sont exposés durant leur séjour aux Lieux saints de l’islam. Cet islamologue exhortait les hadjis algériens à ne pas se référer aux fatwas des imams et autres prédicateurs» mis à leur disposition par les autorités saoudiennes à la Mecque et à Médine, et à refuser les brochures qui leur sont fournies sur place «pour cause de prosélytisme wahhabite». Ce chercheur fait remarquer que les imams et prédicateurs désignés localement pour «guider et orienter» les pèlerins «suivent tous sans exception le même dogme et le même rite, le rite hanbalite» et qu’aucun autre rite n’est toléré, «alors que le monde musulman pratique une diversité de rites qui sont majoritaires».
Mettant en garde contre «l’invasion de l’idéologie wahhabite», diffusée dans des guides qui constituent «un condensé d’idées extrémistes», et visant à imposer le wahhabisme comme référence doctrinaire unique à l’ensemble des musulmans. L’islamologue avertit que cette doctrine perverse (le wahhabisme) comporte des erreurs «monumentales» et «extrêmement dangereuses» en matière d’exégèse, notamment pour ce qui a trait à la légalisation du djihad et du takfir. «Le wahhabisme, explique l’intervenant, est la seule école religieuse en islam qui appelle au takfir.»
R. Mahmoudi
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