Les harraga persistent et signent
Par Kamel Moulfi – Les informations sur les harraga continuent d’avoir leur place, en permanence, dans l’actualité, même si elles sont assimilées depuis quelque temps à des faits divers, comme une banalité. Ce sont de jeunes Algériens qui tentent de rejoindre l’Europe «sans papiers» en traversant la mer Méditerranée sur des embarcations de fortune dotées, dans le meilleur des cas, d’un moteur, mais le plus souvent surchargées.
Ils ne sont pas en très grand nombre à se lancer dans cette aventure, mais ce phénomène constitue un des indicateurs du malaise des jeunes qui aspirent à vivre mieux, pas forcément riches, mais dans des conditions «normales» telles qu’ils les constatent à l’occasion de séjours dans les pays européens ou en regardant les chaînes de télévision satellitaires ou sur Internet. Ils partent à partir d’Annaba ou de Mostaganem, profitant, comme en ce moment, d’une météo favorable et d’une mer calme qui permettent une navigation avec une faible probabilité de naufrage mais, par contre, plus de chances d’arriver à destination.
Si la volonté de quitter le pays de cette façon n’a pas disparu chez les jeunes, cela signifie que rien n’a encore changé substantiellement, du moins de leur point de vue. L’annonce de la fin prochaine de la crise du logement, qui les concerne en premier lieu, et les chiffres sur la baisse du chômage, descendu sous les 10%, une bonne nouvelle également, ne sont pas, pour eux, convaincants.
Les possibilités ouvertes par les facilités qui leur sont accordées pour créer leur entreprise ne suffisent pas également à les retenir. Quelles sont alors les raisons qui incitent les harraga au choix d’aller vivre ailleurs ? Parmi ces raisons, le facteur économique ne justifie pas une prise de risque – c’est-à-dire au péril de leur vie – qui correspond plutôt au désespoir. Le gouvernement ne devrait pas sous-estimer ce phénomène qui persiste et qui exprime, finalement, la revendication d’un mode de vie à l’européenne.
K. M.
Comment (14)
Les commentaires sont fermés.