Un téléthon pour venir à bout des ordures ?
Par Samir Arnaoui – Quel est l’Algérien qui n’enrage pas de voir se développer chaque jour un peu plus des décharges à ciel ouvert ? Aucune ville ou village n’échappe à ce phénomène. Et la saleté qui était jadis une exception est désormais érigée en règle dans nos cités. Comme bon nombre de problèmes dans notre pays, le phénomène résulte d’un processus de non-gestion, d’abandon et de démission généralisée. Mais je me refuse à jeter la pierre aux seuls citoyens et associations qui tentent spontanément, mais épisodiquement, d’endiguer la chose.
Car la tâche (la tache aussi) a pris d’énormes proportions pour se passer d’une véritable stratégie, visant à asseoir les règles d’une gestion de l’hygiène, saine et durable, dans notre pays. L’hygiène doit devenir une «constante» de la nation ; elle devrait être inscrite en lettres d’or sur le fronton de chaque mairie, voire dans la Constitution (là, je plaisante). Comme chaque chose difficile, l’hygiène publique et la salubrité coûtent de l’argent. Les budgets erratiques, inconstants dans ce domaine sensible, conjugués au désintérêt des élus municipaux n’arrangent pas les choses.
Netcom fait ce qu’elle peut à Alger, mais il lui reste beaucoup à faire ; aussi, il convient à mon sens de révolutionner la prise en charge de cette question, et confier définitivement ce boulot à des entreprises privées, que l’on pourra évaluer avant de les payer. Car les écuries d’Augias ont besoin de beaucoup d’Hercule technologiques, de matériels neufs appropriés en quantité et d’hommes responsables. Rien ne doit être laissé au hasard. Le «capital» faisant toujours des miracles, les résultats dépendront du prix qu’on y mettra. Le titre de cet article évoque un téléthon, mais l’hygiène ne peut pas et ne doit pas dépendre de la charité. Par contre, il faut en finir avec les budgets inconsistants ; en plus des subventions données aux communes, il faudra sans doute collecter un impôt «propreté», puis mesurer le retour sur investissement de cette contribution citoyenne.
Je pense aussi qu’il faudra payer grassement les nettoyeurs de nos cités. La pénibilité et autres nuisances justifieraient qu’un agent versé dans cette activité perçoive au minium 100 000 DA par mois ; peut-être plus, cela n’en vaut-il pas la peine ? C’est au gouvernement d’établir ce budget, et de fixer les conditions qui assureront son équilibre dans le temps.
S. A.
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