Première condamnation d’un prédicateur allié de Daech à Londres
Le prédicateur radical britannique Anjem Choudary, qui s’est engagé pendant de longues années dans un véritable bras de fer avec les autorités sécuritaires anglaises, notamment après avoir annoncé ouvertement son soutien total à l’organisation terroriste Daech, vient d’être condamné à une peine de cinq années et demie d’emprisonnement. Aussitôt la peine prononcée, des cris de «Allah Akbar» émanant des partisans de Choudary, présents dans la galerie réservée au public dans la cour centrale criminelle de Londres, ont retenti ; l’espace a été vite évacué par les services de sécurité.
Agé aujourd’hui de 49 ans, Choudary qui s’était distingué par son appel publié en ligne, et dans lequel il invitait ses partisans à prêter allégeance à l’Etat Islamique, a, selon toute vraisemblance, contribué à mettre en péril les vies de milliers d’individus au Royaume-Uni et dans le monde, à travers notamment sa campagne de radicalisation qui a touché des centaines de jeunes gens, des filles et des garçons. La plupart ont intégré les rangs de l’organisation terroriste Daech, certains jouent même un rôle de premier plan dans la stratégie de la terreur du groupe.
Le juge de la cour centrale criminelle «The Old Bailey», à Londres, après avoir prononcé la sentence, a sans détour qualifié le prédicateur radical pro-Daech de fin calculateur et de très dangereux ; il a également condamné son lieutenant Mizanur Rahmane, une autre figure du radicalisme au Royaume-Uni, à la même peine, assortie de plus d’une dizaine d’années de mesures restrictives des libertés.
Le fichier de la brigade antiterroriste de Scotland Yard contient des preuves irréfutables sur l’implication de Anjem Choudary et son organisation Al-Mouhajiroune, aujourd’hui interdite, dans des actes terroristes avérés, notamment l’assassinat en 2013 à Londres du soldat Lee Riby, et sur son plan macabre qui adopte le djihadisme comme ligne de conduite et une fin en soi. Au cours du procès justement, le jury a pu accéder à un certain nombre de documents, notamment des photos de Choudary et Rahman lors d’une manifestation devant l’ambassade libanaise dans le centre de Londres en avril 2014, avant que le soi-disant groupe Etat islamique ait été proscrit. Des manifestants présents lors du rassemblement brandissaient des pancartes sur lesquelles était inscrit : «L’Etat islamique est la solution».
La condamnation aujourd’hui de l’une des têtes de file de l’islamisme radical au Royaume-Uni, qui a été accueillie avec un grand soulagement par l’opinion publique britannique, constitue un message clair aux mouvements djihadistes qui ont choisi de se planquer au Royaume-Uni qu’ils ne pourraient plus échapper indéfiniment à la force de la justice. Un appareil qui semble déterminer à assainir le pays des dangereux criminels présents sur le sol britannique, et de leurs connexions à l’étranger, dans le cadre de la stratégie globale de lutte contre le terrorisme.
De Londres, Boudjemaa Selimia
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