Après avoir ouvert ses portes aux extrémistes du FIS : l’Allemagne a peur de ses 520 «terroristes potentiels»
Le ministre allemand de l’Intérieur, Thomas de Maizière, tire la sonnette d’alarme en parlant de l’accroissement de la menace terroriste qui pèse sur son pays et sur d’autres Etats de l’Europe. Dans un entretien accordé au journal Bild, le ministre s’est montré alarmiste, en évaluant à au moins 520 le nombre d’«assaillants potentiels» qui sont présents dans le pays, a rapporté l’agence russe Ria Novoski. Et Thomas de Maizière ne se contente pas de ce chiffre. Il assure qu’il y a déjà «360 personnes connues des services de police pour leurs liens avec ces terroristes en puissance». Ainsi, pour le ministre allemand de l’Intérieur, «la menace terroriste émerge désormais de commandos étrangers ainsi que de loups solitaires fanatiques en Allemagne». «Les commandos s’introduisent clandestinement en Europe et préparent leurs opérations sans qu’on les repère, comme nous l’avons vu lors des attaques de Paris et Bruxelles. Mais il est encore plus difficile de débusquer les loups solitaires fanatiques. Malheureusement, il y a un réel danger en provenance de ces deux menaces», a poursuivi le ministre pour lequel il n’y a rien de rassurant sur le plan sécuritaire.
C’est ainsi que Thomas de Maizière a justifié l’augmentation cette année du nombre d’enquêtes et d’arrestations liées à cette menace. L’Allemagne a eu un avant-goût de cette menace terroriste après «les attaques commises» en juillet sur son territoire par «des individus se réclamant de l’Etat Islamique». «De nombreux Allemands redoutent que des terroristes se soient glissés parmi le million de migrants accueillis par le pays l’année dernière, ce qui explique notamment les dernières déconvenues électorales d’Angela Merkel», a ajouté le même média. Mais la menace terroriste en Allemagne ne date pas d’aujourd’hui.
Les autorités allemandes avaient relevé en 2014 le nombre croissant des extrémistes islamistes qui résident sur leur sol. Selon un rapport du chef du renseignement allemand publié cette année-là, ils seraient près de 7 000 à être affiliés au salafisme. Mais rien n’a été fait pour les arrêter. Pis encore, certains d’entre eux (450 salafistes) ont pu quitter l’Allemagne pour rejoindre les groupes terroristes en Syrie ou en Irak. Il faut dire que l’Allemagne a toujours joué avec le «feu», en acceptant d’accueillir des extrémistes religieux et de les laisser agir en toute liberté.
Il est nécessaire de rappeler aujourd’hui que l’Allemagne avait été l’un des premiers pays à accueillir les extrémistes du Front islamique du salut (FIS) dans les années 1990. Rabah Kebir avait trouvé refuge dans ce pays qu’il a transformé en base arrière pour ses appels aux massacres d’Algériens et à la destruction de l’Etat «impie». En 1994, un rapport des services de renseignement allemands faisait même état d’un trafic d’armes organisé sous l’autorité de Rabah Kebir à partir de l’Allemagne à destination des terroristes en Algérie, ainsi que des liaisons avec un vaste réseau de groupements intégristes internationaux.
Une réalité qui était jugée alors conforme aux normes démocratiques et justifiée pour permettre aux islamistes radicaux de s’installer au pouvoir en Algérie. Les choses semblent ainsi se retourner contre cet Etat qui se retrouve face aux extrémistes qu’il a choyés pendant de longues années.
Sonia Baker
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