Terrorisme : Hollande ridiculise Sarkozy, tacle les Etats-Unis et zappe l’Algérie
Le président français a expliqué qu’il ne comptait pas «durcir» les mesures légales davantage pour lutter contre le terrorisme islamiste. Dans une réponse claire à Nicolas Sarkozy, François Hollande a ironisé en affirmant que l’«imagination prend des tours inquiétants». Allusion au chef de file de la droite française qui profite de l’occasion que lui offrent les auteurs des attentats en France et ailleurs pour tenter de se refaire une virginité, en laissant entendre qu’il détiendrait la solution miracle contre le phénomène de la violence extrémiste à l’aggravation de laquelle il a pourtant grandement concouru. François Hollande refuse, ainsi, de «revenir sur l’indépendance de la justice» et «la séparation des pouvoirs», comme il répugne à «renier les droits de l’Homme et la convention internationale qui les soutient». Il dit non à l’«instauration en violation du droit du sol» de l’«insécurité juridique pour des centaines de milliers de jeunes nés en France» et à la «suppression du regroupement familial (…) établissant ainsi un lien entre immigration et terrorisme».
Pour étayer son raisonnement, le président français cite l’exemple des Etats-Unis et de leurs pratiques contraires aux droits de l’Homme qui, pourtant, n’ont été d’aucun effet. «L’histoire nous apprend qu’oublier ces principes (cités plus haut, ndlr) augmente le malheur du monde sans réduire les périls. Est-ce que l’adoption du Patriot Act ou le camp de Guantanamo ont préservé les Etats-Unis de la menace ? Non !», a répondu François Hollande, qui soutient, cependant, que l’état d’urgence a «permis [à la France] de déjouer plusieurs projets d’attentats, de démanteler des filières, d’engager des centaines de procédures judiciaires, d’empêcher de nouveaux départs, de fermer des mosquées qui délivraient des messages de haine, de frapper d’expulsion un certain nombre d’individus dangereux, de faire en sorte que nous puissions toujours être en mouvement et en action».
Le président français avoue, néanmoins, que l’application de l’état d’urgence a pu se faire parfois «en heurtant un certain nombre de consciences et d’amis qui ne voulaient pas que l’on aille trop loin». «Mais, assure-t-il, nous n’allions pas trop loin, nous faisions en sorte à chaque fois d’adapter la réponse en fonction du droit pour être le plus efficace contre les terroristes». «C’est avec nos lois, conformément à nos règles constitutionnelles, que nous traquons les djihadistes, démantelons les réseaux criminels, luttons contre la radicalisation et l’endoctrinement», a encore affirmé François Hollande pour qui «le combat sera long, éprouvant, difficile, parce qu’il vient de loin». «Il a commencé en Afghanistan il y a plus de trente ans, quand un régime manipulé de l’étranger a suscité contre lui une rébellion d’inspiration religieuse». Confession – tardive – d’un président français dont le pays avait pourtant tout fait pour empêcher une lutte efficace contre le terrorisme en Algérie, en décrétant un embargo sur les armes et en déformant la réalité de sorte à permettre aux groupes islamistes armés de détruire cette nation réfractaire à l’ordre colonial. Dès lors, François Hollande se contente d’évoquer cette guerre [contre le terrorisme] qui «s’est poursuivie (…) en Irak [et] en Syrie où l’obscurantisme religieux utilise le chaos pour appeler au djihad et à la construction d’un califat». Comme si cette guerre n’avait pas commencé en Algérie, il y a, justement, plus de trente ans.
M. Aït Amara
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