Une fête gâchée
Par Kamel Moulfi – La célébration de l’Aïd El-Adha est déjà gâchée, pour tous, par les deuils qui ont touché les familles concernées par les deux crimes horribles commis dans l’est du pays, l’un à El-Khroub (Constantine), où une jeune femme de 34 ans, Amira Merabet, a été brûlée vive, et l’autre, à Aïn Fakroun (Oum El-Bouaghi), avec l’assassinat du petit Nasredine Telekhet, cinq ans. L’angoisse de ne pas trouver de pain dans la boulangerie, la longue attente à la poste pour retirer de l’argent en quantité suffisante pour faire face à la flambée des prix au marché, la file devant la pompe d’essence par crainte de la panne sèche, tous ces «petits ennuis» qui accompagnent la célébration de l’Aïd depuis quelque temps prennent une dimension dérisoire dans ce contexte morbide.
Tout un symbole : les victimes sont une femme et un enfant, que la loi algérienne est censée protéger par des dispositifs particuliers et qui ont, généralement dans notre pays, la sollicitude, sous des formes diverses, de tous, à l’exception d’une catégorie d’individus inqualifiables, qui restent encore, heureusement, une minorité. Ces deux crimes, qui dépassent le stade de faits divers, ont été commis à la veille de l’Aïd, la fête par excellence des enfants, qui donnent aux dépenses consenties à cette occasion leurs principales motivations, et aussi la fête des femmes pleinement impliquées dans ce grand événement social.
Il n’est plus nécessaire de s’interroger sur les causes de cette tendance à la haine et sur la violence qui en est le corollaire et qui frappe au moindre prétexte, dans la rue, à l’école ou dans les stades, ni d’épiloguer sur les solutions à apporter à ce fléau pour l’empêcher de s’étendre puis l’éliminer. Tout cela a été discuté et débattu sous tous les angles et les conclusions en ont été tirées.
Sans perdre leur lucidité face à la vague envahissante de l’émotion, très forte et compréhensible dans ces circonstances, les spécialistes plaident pour des sanctions exemplaires. Les pouvoirs publics sont interpellés, une fois encore.
K. M.
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