Fernand Iveton : «Tahia El-Djazaïr !»
Par Kamel Moulfi – La bêtise qui frappe partout en Algérie, et souvent là où on s’y attend le moins, a choisi de s’en prendre à un héros de la lutte de libération nationale, Fernand Iveton, dont la qualité de chahid est indiscutable : condamné à mort et exécuté en février 1957 pour avoir été l’auteur d’une tentative d’attentat à la bombe contre une installation gazière à Alger. Il ne peut pas passer inaperçu dans la longue liste des chouhada ; parmi les militants anticolonialistes qui ont été guillotinés durant la guerre de Libération nationale, il est le seul Algérien d’origine européenne.
La «petite ruelle» qui porte son nom à Oran, dans le quartier Edderb, a été débaptisée (voir article d’AP) par une commission d’élus dont il est légitime de s’interroger sur les motifs qui les ont amenés à prendre cette grave décision. Ont-ils agi par ignorance ou délibérément ? Vont-ils être contraints par les autorités du pays à corriger leur erreur ? Ils devraient comprendre que ce qui comptait pour Iveton quand il s’est engagé, en tant qu’Algérien, dans la lutte de libération, ce n’était certainement pas d’avoir son nom sur la plaque d’une rue et, encore moins, s’il avait survécu, des avantages matériels quelconques.
Sa motivation, il l’a criée en allant dignement à l’échafaud, sous les clameurs de «Tahia El-Djazaïr» lancé par ses compagnons de la prison de Serkadji, le jour de son exécution. Il voulait une Algérie libre. Et c’est dans le confort procuré par cette Algérie libre que les autorités locales de la ville d’Oran assènent un autre coup à Fernand Iveton. La bêtise se conjugue à la honte, mais ceux qui ont commis le véritable sacrilège qui consiste à enlever à un chahid son nom de «sa» rue sont-ils conscients de ce que signifie cet acte ? Apparemment, non.
De plus, ils se sont lourdement trompés en pensant que l’indignité avait gagné tout le monde dans notre pays. Ce sont des habitants de la rue Fernand-Iveton qui ont révélé le scandale de cette débaptisation et qui ont ainsi déclenché une protestation traduite dans une pétition et une campagne médiatique pour amener les autorités locales à annuler leur décision. K. M.
Comment (13)
Les commentaires sont fermés.