Front social : le gouvernement appelle l’UGTA à la rescousse
Le gouvernement d’Abdelmalek Sellal demande à la Centrale syndicale de mobiliser ses troupes pour l’aider à faire face à la grogne sociale qui risque de s’aggraver dans les mois à venir. Préparant des mesures impopulaires qui vont directement toucher le porte-monnaie des Algériens, le gouvernement cherche ainsi un bouclier pour se protéger contre la colère des travailleurs qui n’hésiteront pas à se mobiliser si leur pouvoir d’achat est malmené.
Selon des sources fiables, le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, a déjà une discussion sur ce sujet avec le secrétaire général de l’UGTA, Abdelmadjid Sidi Saïd. Ce dernier aurait, selon notre source, chargé ses conseillers et des secrétaires nationaux afin d’élaborer une stratégie et un plan de communication pour «faire passer la pilule» et apaiser les esprits des travailleurs. Le gouvernement compte ainsi coordonner son action avec celle de l’UGTA afin de faire passer un «message rassurant» pour les fonctionnaires et les salariés à tous les niveaux.
La Centrale syndicale s’occupera de la diffusion de ce message dans les milieux professionnels. Un message qui consiste à dire que le pouvoir d’achat des Algériens, travailleurs, retraités ou pensionnaires «sera préservé et (qu’)il n’y aura pas de remise en cause des politiques de subventions du gaz, du carburant, du pain, du lait et de l’électricité». Le gouvernement va donc, avec l’aide de l’UGTA, œuvrer à convaincre les millions de travailleurs qu’il est en train de prendre des mesures visant tout juste à «maîtriser les dépenses», à «réduire le déficit » et générer plus de ressources fiscales. Un message qu’il aura du mal à faire passer dans un contexte de crise socio-économique de plus en plus aiguë.
Les Algériens commencent à sentir les effets de la chute des prix du pétrole à travers l’augmentation des prix des denrées alimentaires, des fruits et légumes, des viandes, des vêtements et tout autre produit de consommation, qu’il soit produit localement ou importé. La rencontre tripartite de demain (gouvernement-patronat-UGTA) va être une occasion pour le gouvernement de mieux expliquer le contenu de la prochaine loi de finances mais aussi la manière avec laquelle il compte la faire passer auprès de l’opinion publique, sans fracas. Une tâche qui s’annonce rude en ce sens que la contestation sociale qui a commencé l’année dernière va en s’accentuant.
La rentrée sociale s’annonce chaude, et le gouvernement a raison de s’inquiéter de la situation et de chercher à contenir la colère des travailleurs. Il y va de sa survie.
Sonia Baker
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