Selon un document secret révélé par l’Iran : 874 décès enregistrés à La Mecque
Le pèlerinage des musulmans aux Lieux saints de l’islam pâtit de plus en plus de la gestion catastrophique du régime monarchique saoudien moins préoccupé par la sécurité des hadjis que par sa propre survie. Le règne des Al-Saoud n’a jamais été autant menacé. Pure création des Etats-Unis et de la Grande-Bretagne, le régime rétrograde de Riyad est dans la tourmente, affrontant à la fois la colère des Occidentaux qui «constatent» enfin la menace que l’Arabie Saoudite représente pour le monde et le mouvement terroriste Daech qui, non seulement a dévoilé le véritable visage du wahhabisme, mais a carrément retourné ses armes contre ses promoteurs.
La famille Al-Saoud croit encore que la carte «stratégique» de l’organisation annuelle du hadj qu’elle exploite de façon outrancière lui permet de prétendre à un leadership dans le monde musulman. Mais de plus en plus de voix s’élèvent pour lui contester ce rôle à cause des nombreuses failles qui entachent le bon déroulement de l’opération du hadj et aussi d’une politique extérieure marquée par les tendances hégémoniques saoudiennes à l’égard des pays arabes voisins, confirmées par les interventions directes de l’Arabie Saoudite dans leurs affaires internes, comme en Syrie et au Yémen, sous prétexte de lutter contre l’influence de l’Iran.
Pour l’heure, c’est surtout sa gestion des Lieux saints et sa «tutelle» sur l’organisation du hadj qui sont contestées, du fait d’une incompétence avérée. Contrairement aux allégations des milieux officiels saoudiens, le hadj a connu en septembre 2016 son lot de centaines de décès, comme le révèle le réseau spécialisé El-Hadj et El-Omra qui s’appuie sur un document secret du ministère saoudien de la Santé. La même source souligne que malgré la baisse du nombre de pèlerins cette année par rapport aux années précédentes – pour plusieurs raisons, précise la source, notamment liées aux questions de sécurité – une liste de 874 pèlerins morts pendant le hadj est donnée dans le document officiel saoudien, avec la date du décès et la nationalité du pèlerin. Dans ce bilan, occulté par les médias saoudiens, il y a 239 Saoudiens, 84 Pakistanais, 51 Egyptiens, 64 Indiens, 43 Bangladais, 31 Nigérians et d’autres nationalités ainsi que 124 anonymes.
Les Al-Saoud ont eu recours aux équipements de sécurité israéliens, dont le bracelet électronique, pour surveiller les faits et gestes des pèlerins, mais n’ont pas accordé l’attention qu’il faut aux pèlerins eux-mêmes pour réduire la forte mortalité qui résulte de défauts d’organisation. Les autorités iraniennes ont solennellement déclaré que l’Arabie Saoudite ne méritait pas d’organiser le hadj et ont appelé les musulmans à réfléchir sérieusement à la gestion des Lieux saints. En 2015, 460 iraniens étaient parmi les 2 300 pèlerins morts le 23 septembre dans la gigantesque bousculade dans la vallée de Mina, à La Mecque.
Parmi les victimes iraniennes, figuraient des hauts fonctionnaires de la République islamique, dont l’ambassadeur au Liban. Une dizaine de jours avant la bousculade de Mina, un vendredi, la chute d’une immense grue a fait plus de 100 morts dans la Grande mosquée, à La Mecque. Pour les dirigeants iraniens, la catastrophe de Mina a montré «l’incompétence des Saoudiens et leur incapacité à fournir la sécurité pour les pèlerins dans la maison de Dieu a montré que ce gouvernement n’est pas capable de gérer les deux mosquées saintes». On sait que, pour la première fois en trois décennies, selon les observateurs, les pèlerins iraniens n’ont pas pu effectuer le hadj, cette année.
Houari Achouri
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