Tebboune sacrifie des boucs émissaires et demeure en poste malgré ses échecs répétés
Le large mouvement opéré par le ministre de l’Habitat dans son secteur au niveau central et régional, annoncé hier par l’agence officielle APS, prend l’allure d’une véritable purge qui touche les directeurs généraux et les sous-directeurs. Le communiqué du ministère assure qu’à travers ce mouvement, Abdelmadjid Tebboune tend à «consacrer le principe de compétence dans la nomination, le contrôle périodique et le suivi continu de la performance des responsables du secteur». Or, ces changements à répétition dans le secteur de l’habitat s’apparentent, en fait, à une preuve d’un lamentable échec dans la gestion de ce secteur sensible avec, notamment, les retards cumulés dans la réception des différents programmes (AADL, LSP, LPP) et la contribution à la clochardisation de nos villes en continuant à construire des cités dortoirs, véritables bombes à retardement.
Incapable de tenir ses promesses parce que n’ayant pas les moyens de sa politique, le ministre trouve toujours des boucs émissaires auxquels il fait payer le prix de ses propres échecs. Alors que le déficit en matière de logements au niveau national n’est pas descendu du seuil de 350 000 unités, Tebboune avait promis que l’objectif de réceptionner les 350 000 logements «pourrait même être dépassé». Autre engagement jamais tenu : il a fait savoir que durant l’année 2016, l’ensemble des souscripteurs des logements AADL des années 2001 et 2002 seraient logés ou, dans le pire des cas, «90% d’entre eux le seront», et que le total des logements AADL 2001-2002 à distribuer en 2016 était de 85 000 unités dont 54 000 à Alger.
Ce même ministre de l’Habitat, qui fut rappelé par le Président pour reprendre un programme dont il fut chargé et qu’il avait lamentablement raté plus de dix années auparavant, s’est immédiatement, dès sa prise de fonction, engagé dans des promesses idylliques qui remirent au goût du jour le vieux slogan, «un toit pour tous», alors que l’Etat ne fait qu’aggraver la situation en voulant coûte que coûte maintenir sa mainmise sur ce secteur.
Si Abdelmadjid Tebboune ne peut pas endosser à lui seul toute la responsabilité de la situation désastreuse de l’habitat et de l’urbanisme en Algérie, il n’en demeure pas moins qu’il est le fidèle exécutant d’une politique de fuite en avant dont la finalité première est de faire accroire au maintien d’une certaine «approche socialisante» du mode de gouvernance. Or, le ministre sait que chaque promesse qu’il fait est un mensonge éhonté et que seules une adaptation des lois et une professionnalisation du métier d’agent immobilier permettront à l’Algérie de sortir de cette fausse crise du logement, pure invention politique.
Qu’a donc fait le ministre de l’Habitat de si innovant pour qu’il méritât la médaille du mérite que lui a décernée le président de la République ? Rien, sinon appliquer à la lettre la mission pour laquelle il occupe ce poste pour quelque temps encore, avant de rejoindre les heureux élus du tiers présidentiel au Sénat en ayant laissé derrière lui un patrimoine urbanistique ord qui, de toutes les façons, devra être rasé un jour ou l’autre.
Quel gâchis !
Karim Bouali
Comment (60)