Dénomination des rues : inculture et ignorance
Par Abdelkader Benbrik – La dénomination d’une rue, d’un espace public ou d’une cité résidentielle consiste à attribuer un nom lors de la création du lieu concerné, parfois médiatisée lors d’une inauguration, ou substituer un nom par un autre. La procédure semble peu encadrée. Elle suppose néanmoins de dégager des éléments d’argumentation à l’appui de l’origine du nom choisi, et de trouver le juste équilibre pour définir l’identité de chaque commune.
La dénomination des rues, places ou édifices publics relève normalement de la compétence du conseil municipal et du ministère des Moudjahidine. La liberté de choix est néanmoins encadrée par des usages bien établis. Sauf qu’on refuse aux habitants de dénommer leurs cités et on leur impose des noms propres de personnes qu’on affirme qu’ils sont des martyrs. Or, aucun des habitants, des maires ou des responsables de parti ou d’organisation de masse n’est en mesure de fournir une seule biographie complète d’un seul nom, et même les membres de cette commission sont incapables de définir le parcours de vie du nom sélectionné !
Ce qui est confirmé, nous expliqua un ancien militant du PPA, c’est que les membres de cette commission ne sont pas à la hauteur de leur tâche ou, plus encore, manquent de compétence et de savoir dans le domaine. Cette commission doit être remplacée par des membres compétents dans le domaine en incluant des professeurs d’histoire. Ainsi, le retrait du nom du martyr Fernand Iveton a été fait par ignorance, un nom chrétien a paru à cette commission colonial, ignorant que des dizaines d’Européens en particulier français ont milité sincèrement dans les rangs de la Révolution. Alors que le nom de Francis Jeanson, le chef du réseau des porteurs de valises du FLN, n’a jamais été donné à une rue qui garde encore des noms coloniaux.
D’autres noms de grands héros de la résistance populaire et de la Révolution de 1954 n’ont jamais figuré. Notre interlocuteur insiste sur l’ignorance caractérisée de cette commission en indiquant que le retrait du nom de Sidi El-Houari est le sommet de cette ignorance. Par contre, dans le même quartier, il existe des noms coloniaux qui n’ont pas été retirés, ajouta-t-il. La dénomination des rues et des places publiques relève de la compétence de cette commission municipale, qui doit faire l’objet d’un autre contrôle, celui de l’erreur manifeste d’appréciation.
Pour conclure sur la compétence de l’organe délibérant, il convient de signaler que les services postaux ne sont pas consultés sur une telle procédure. La question pourrait sembler pertinente, puisque la dénomination de la rue est un élément de l’adresse postale. Le système d’adressage ne codifie pas non plus les pratiques et apparaît assez diversifié.
A. B.
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