Manuel Valls : «Chacun connaît mon respect à l’égard du président Bouteflika»
«Le président Hollande a rétabli avec Alger un partenariat indispensable qui avait été abîmé au cours du quinquennat précédent», a souligné le Premier ministre français dans un entretien à l’hebdomadaire Jeune Afrique. Pour Manuel Valls, une des raisons principales de ce rapprochement, «c’est cette urgence que nous accordons tous à la lutte contre le terrorisme». Une urgence qui crée aussi, selon lui, «une confiance nouvelle sur le plan économique, sur celui des relations humaines [et] des échanges culturels». «Nous avons des relations politiques de très grande qualité et il ne faut surtout pas se laisser impressionner par tel ou tel commentaire», a fait remarquer le Premier ministre qui a affirmé qu’il n’y avait «aucune raison de s’emballer» au sujet de son fameux tweet qui a failli mettre le feu aux poudres et provoquer une crise diplomatique entre Alger et Paris. «Chacun connaît mon respect à l’égard du président Bouteflika», a déclaré Manuel Valls pour qui cet incident «n’a rien changé à la relation que nous entretenons depuis quatre ans avec les autorités algériennes et avec le Premier ministre Sellal». «Il faut avoir du sang-froid dans ce genre de situation», a-t-il estimé, tout en rappelant que la France «a confiance en l’Algérie et en son potentiel immense de grand partenaire».
Au sujet de la colonisation, Manuel Valls a appelé à faire preuve de lucidité «sur notre passé» pour «nous tourner ensemble vers l’avenir». «Personne ne peut oublier les moments sombres ou nier ce qu’a été le 8 mai 1945 à Sétif, personne ne peut oublier le drame de la guerre d’Algérie, les massacres, la torture, mais aussi le sort des harkis (…) Ces faits doivent être rappelés et commémorés. Laissons les historiens mener les travaux et cessons de vivre dans la culpabilité, le ressassement et la repentance. Un pays s’honore de reconnaître ses responsabilités», a affirmé le Premier ministre français, tout en avouant que «la colonisation a nié la réalité des peuples» et «a représenté beaucoup de souffrances et aussi une perte de richesses économiques et humaines».
A une question sur la situation des musulmans de France dans le contexte tendu actuel en raison des attentats terroristes qui y ont été commis, Manuel Valls a assuré que «les Français musulmans sont une part de la France et de son identité». «La France, a-t-il dit, c’est également l’islam, deuxième religion du pays». Il s’est engagé a «donner toute [son] énergie» pour que l’islam de France «resplendisse dans le monde et fasse la démonstration éclatante de sa compatibilité totale avec la démocratie, la modernité et l’égalité entre les femmes et les hommes». Evoquant l’extrémisme, le Premier ministre français a indiqué que l’islam de France, comme partout dans le monde, «souffre aujourd’hui d’un poison qui se répand de l’intérieur : les dérives extrémistes liées notamment au salafisme». Aussi, pense-t-il, «il faut que les musulmans mènent le combat de l’intérieur» et «réagissent contre la mainmise des salafistes sur certaines mosquées, certains quartiers, sur nombre de nos jeunes». «Ce défi de l’islamisme radical, ce n’est pas seulement celui de la France ou de l’Europe, c’est aussi celui de toute l’Afrique», a encore affirmé Manuel Valls qui a assuré que «la République protège, et protégera, les musulmans de France», tout en promettant qu’il «n’accepterait aucun amalgame» et qu’il «ne céderait jamais face aux assauts de l’islam radical».
Karim Bouali
Comment (116)