Zina, Rachid : une génération de héros
Par Kamel Moulfi – Zina Harraïgue, moudjahida et ancienne condamnée à mort, est décédée hier samedi, à Alger, à l’âge de 82 ans, suite à une longue maladie. Avec Rachid Adjaou, qui – coïncidence significative – vient de s’éteindre lui aussi, ils ont fait partie de ces Algériennes et Algériens, aux valeurs exceptionnelles, qui ont eu le courage d’affronter la puissance coloniale française appuyée par l’Otan et se sont engagés dans la lutte armée pour chasser l’occupant de la terre de leurs ancêtres.
On sait que beaucoup de survivants parmi ces moudjahidate et moudjahidine, entièrement au service du pays, se sont à nouveau mobilisés dans les années 1990 pour apporter leur contribution décisive à la lutte antiterroriste et annihiler définitivement la folie des intégristes fanatisés qui voulaient détruire l’Algérie pour l’abaisser au niveau de leur archaïsme et la livrer à une nouvelle colonisation. Il y a un presqu’un an, le 12 octobre 2015, le forum d’El-Moudjahid, en coordination avec l’association Machaâl Echahid, rendait hommage à Zina Harraïgue dans le contexte de la célébration du 17 octobre 1961.
Son époux, Amar Benadouda, qui a été comme elle militant de la Fédération de France du FLN pendant la guerre de Libération, avait alors évoqué le parcours exceptionnel de la moudjahida Zina Harraïgue qui a sacrifié sa jeunesse à la patrie en militant contre le colonialisme sur le sol français, avec d’autres femmes dont Akila Ouared, Salima Bouaziz, Malika Benchenouf et Guermia Ferria. Il avait rappelé comment ces femmes ont réussi à faire adhérer à la cause algérienne des intellectuels et des artistes français de renom, et avait cité, à titre d’exemple, la chanteuse Catherine Sauvage, qui a hébergé Zina Harraïgue après son évasion de prison.
En effet, la belle et élégante Zina – comme l’a décrite son amie Hélène Cuenat qui était membre d’un réseau de soutien à la Fédération de France du FLN –, arrêtée en avril 1960, s’est évadée le 25 février 1961 de la prison la Petite Roquette, à Paris, avec ses complices Hélène Cuenat, Jacqueline Carré, Didar Fawzy-Rossano et Fatima Hamoud. Sur le sol national, d’autres militants valeureux menaient le même combat.
L’un d’eux, Rachid Adjaoud, qui a été compagnon d’armes du colonel Amirouche et ancien secrétaire de la Wilaya III, nous a quittés aujourd’hui dimanche, au lendemain du départ de Zina. Il a laissé ses impressions sur son combat anticolonial dans un livre Le Dernier témoin qu’il a présenté au public en novembre 2012. La génération actuelle des jeunes Algériens a de quoi être fière et s’inspirer de l’exemple donné par la génération de Zina, Rachid et leurs compagnons qui ont libéré l’Algérie.
K. M.
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