Le président du Sénat français : «La France a peut-être mal perçu certains enjeux pendant la décennie noire en Algérie»
Le président du Sénat français a admis, ce lundi, que la France a «peut-être mal perçu un certain nombre d’enjeux en Algérie pendant les années 1990». Dans une allocution prononcée à l’ouverture du 1er Forum de coopération parlementaire entre le Sénat français et le Conseil de la nation auquel prend part Abdelkader Bensalah, à Paris, Gérard Larcher a estimé que l’Algérie «pourra faire valoir comment elle a surmonté les défis du terrorisme et comment elle aide d’autres pays à y faire face – je pense en particulier à nos voisins, à nos amis de la Tunisie». «Aujourd’hui, face au terrorisme, face aux enjeux économiques et de développement, l’Algérie et la France, dans la diversité de leurs institutions, peuvent cheminer, doivent cheminer, ensemble», a estimé le responsable politique français, qui s’est dit «persuadé qu’avec l’Algérie, si meurtrie par la radicalité islamiste, nous pouvons trouver des réponses permettant de surmonter la menace terroriste».
Pour le président du Sénat français, «si la réponse sécuritaire est nécessaire, elle n’est pas suffisante». «Toutes les réponses sécuritaires ne sont d’ailleurs pas opportunes», a-t-il souligné, expliquant qu’«il faudra déterminer selon quelles conditions elles peuvent être efficaces, notamment lorsqu’il s’agit d’interventions étrangères». Gérard Larcher aborde ainsi un sujet sur lequel Alger et Paris divergent diamétralement. «Je fais partie de ceux qui estiment nécessaire de renforcer les Etats», a-t-il soutenu, relevant que «le terrorisme prolifère sur des Etats faibles». Or, l’Algérie, qui s’oppose à toute immixtion dans les affaires internes des Etats souverains, ne partage pas cette approche interventionniste que la France a inaugurée au lendemain de l’avènement de Nicolas Sarkozy au pouvoir en 2007 et à la poursuite de laquelle son successeur socialiste s’est attelé ardemment.
Gérard Larcher n’a pas manqué d’évoquer les prochaines échéances électorales prévues aussi bien en France qu’en Algérie. Des échéances «essentielles», selon lui, si bien que «le Forum que nous coprésidons et votre visite sont parmi les ultimes, sinon l’ultime, occasions de rencontres à ce niveau prévues en France», avant ces rendez-vous électoraux. Mais, a insisté le président du Sénat français, «la relation entre l’Algérie et la France n’est pas tributaire des orientations partisanes ou des majorités en place» «Elle transcende les clivages politiques», a-t-il assuré, en soulignant qu’«il ne saurait y avoir de pouvoir en France, quels que soient les résultats électoraux à venir, qui n’ait à cœur de nouer les liens les plus étroits de coopération avec l’Algérie, dans le cadre d’un dialogue à la fois exigeant et dense».
Karim Bouali
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