Réponse creuse à une question mal posée
Par Djamel Ziou – M. Samir Arnaoui a écrit un article intitulé «Faut-il ramener nos cerveaux expatriés ?», dans lequel il donne sa réponse. Sa question est mal posée et sa réponse est creuse. Les humains ne sont pas de la marchandise qu’on importe et qu’on exporte. Ils ne peuvent pas se déplacer facilement parce qu’ils possèdent un emploi, une famille, des amis, des biens matériels… Je tiens à l’informer que les contributions de la communauté algérienne installée à l’étranger au développement de l’Algérie ne sont pas nouvelles. Les faits sont multiples. Je procèderai par la forme interrogative pour amener l’auteur de l’article à réfléchir. Est-ce que la communauté algérienne installée en Europe était nécessaire pour la guerre de libération ? Qui compose le clan d’Oujda ? Est-ce que ce groupe a fortement contribué à mettre en place et à consolider les institutions algériennes ? Est-ce que le président Bouteflika est issu de la communauté algérienne installée à l’étranger ? Combien d’hommes politiques, de décideurs, de bâtisseurs, de juristes, d’enseignants, de hauts gradés de l’armée sont issus de la communauté algérienne installée à l’étranger ? Est-ce que l’équipe nationale de football inclut des joueurs issus de cette communauté ? Combien d’étudiants aux cycles supérieurs bénéficient de l’expertise de ces Algériens ?
Ces exemples montrent clairement que l’Algérie avait besoin et a encore besoin de tous. Aussi, ils montrent que sa communauté installée à l’étranger a toujours trouvé la bonne façon pour contribuer au développement de l’Algérie, même en présence d’obstacles. Par exemple, l’auteur doit certainement ignorer qu’un professeur algérien de la plus prestigieuse université du monde, s’il revient en Algérie, il devra commencer à basse échelle. La Tunisie a réglé la question de la reconnaissance des grades des universitaires pour favoriser le retour de son intelligentsia. Le Maroc dispose d’une fondation pour aller chercher, dans un délai très court, un Marocain en cas de besoin. La Chine s’appuie sur sa communauté à l’étranger pour faire du lobbying, pour vendre et pour acheter.
Comme tous les pays du monde, l’Algérie a toujours attiré des compétences étrangères pour se développer. Qui furent les médecins et les enseignants en Algérie ? Qui a construit des centrales électriques ? Qui a construit l’autoroute Est-Ouest ? Qui construit les cités dortoirs ? Qui est l’entraîneur de l’équipe nationale de football ? Pour quelles raisons l’Algérie ne devrait-elle pas faire appel à des compétences algériennes installées à l’étranger ? Où avez-vous trouvé les statistiques qui vous ont permis de conclure que ces Algériens veulent vivre en Algérie tout en exigeant des salaires reflétant le pouvoir d’achat occidental ?
Contrairement à votre allégation, sachez que tous les Algériens n’ont pas été scolarisés en Algérie ; il y a ceux qui sont nés à l’étranger. Je vous informe qu’il n’y a pas d’Algériens et de «demi-Algériens» ; il y a une seule nationalité algérienne. Certains ont étudié à l’étranger avec une bourse algérienne. Il y a ceux qui ont financé leurs études en travaillant dans des hôtels, dans des restaurants… Il y a ceux dont les études ont été financées par des bourses données par des pays étrangers, par des laboratoires de recherches… Il y a ceux qui ont déménagé et qui n’ont pas étudié à l’étranger. Est-ce que les présidents Boudiaf et Bouteflika ont étudié, respectivement, au Maroc et en Europe avec une bourse algérienne ?
Les diplômés algériens se déplacent dans ce monde comme tous les autres. La mobilité des diplômés algériens (ou pas) est un phénomène mondial qui s’explique par différents facteurs. L’Algérie tire parti de cette mobilité puisqu’elle reçoit une part de ces compétences à travers les projets réalisés par les entreprises étrangères.
Habituellement, on écrit sur un sujet quand on a suffisamment de matière pour fournir un contenu enrichissant. Vous avez écrit sur un sujet que vous ne connaissez pas et vous n’avez pas fait d’efforts pour approfondir vos connaissances. Votre manque de savoir vous a amené à exprimer des insultes, à rejeter une partie des Algériens et à promouvoir la division entre Algériens. Vous méritez de recevoir comme cadeau une copie de la Constitution algérienne pour comprendre ce qu’est la nationalité algérienne.
La question n’est pas celle que vous avez posée. Celui qui aime l’Algérie demandera plutôt comment faire contribuer davantage tout le monde à son développement.
Dj. Z.
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