La France bascule : Sarkozy verse dans l’extrémisme, Le Pen défend l’islam
La scène politique française est marquée par un chamboulement inattendu, induit par la nouvelle situation vécue par ce pays après la vague d’attentats qui l’ont secoué. Dans une série de déclarations aussi surprenantes qu’excessives les unes que les autres, le candidat favori à la primaire de la droite multiplie les sorties choquantes qui font s’interroger médias et observateurs sur les desseins de celui qui a provoqué cette onde de choc en décidant d’intervenir militairement en Libye. Nicolas Sarkozy, qui est en déplacement à la «jungle» de Calais ce jeudi matin, pour faire comprendre aux réfugiés qu’ils ne sont pas les bienvenus en France – et que lui président, eux devront déguerpir –, a suscité l’étonnement général en se présentant comme l’exemple de l’intégration, voire de l’assimilation. Ce fils d’immigré hongrois a été jusqu’à appeler les différentes communautés qui coexistent en France à aliéner leur passé et à effacer toute trace de l’histoire de leurs aïeux pour pouvoir se proclamer français.
Nous savions Nicolas Sarkozy capable du pire pour arriver au pouvoir et s’y agglutiner, quitte à écraser sur son passage son propre mentor, Jacques Chirac, mais son appel à s’affirmer gaulois confirme sa propension à l’exubérance. Nous comprenons, dès lors, avec quelle facilité le même Nicolas Sarkozy a été capable de semer les graines de la guerre civile en Libye et faire assassiner Mouamar Kadhafi dont il sollicitait, quelques années auparavant, une contribution financière pour renflouer ses caisses de campagne en vue de gravir les marches de l’Elysée.
Dans le même temps, Marine Le Pen a recentré son discours en estimant, récemment, que l’islam était tout à fait compatible avec la république. Une position partagée par l’ensemble de la direction du Front national et que les médias français ont tenté d’infirmer en tendant le micro à des «militants de base» dont l’attitude est aux antipodes de celle des dirigeants de cette formation qui risque de créer une grande surprise lors des prochaines échéances électorales.
Nicolas Sarkozy l’a compris. Mieux que de chasser sur le terrain de l’extrême-droite nationaliste, il a décidé d’enjamber cette mouvance pour aller encore plus loin dans son discours désormais teinté d’ultranationalisme, lui qui avoue, pourtant, être issu de l’immigration et né d’un père hongrois et d’une mère grecque qu’il a tués une seconde fois.
Dans la bataille que se livrent les hommes politiques français dans la perspective de la présidentielle de 2017, l’islam et l’immigration dominent largement le débat jusqu’à reléguer au second plan les questions d’ordre économique, en dépit d’une situation sociale pourtant extrêmement difficile.
Nicolas Sarkozy s’adonne au jeu risqué de l’extrémisme qui effraie les Français, pavant ainsi la voie à sa future très sérieuse rivale Marine Le Pen dans la course effrénée à la fonction suprême.
Karim Bouali
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