Barack Obama s’oppose à un procès contre les Al-Saoud : que cache Washington ?
C’était prévisible puisqu’il avait déjà annoncé cette intention, le président Obama a utilisé hier, vendredi 23 septembre, son droit de veto présidentiel pour s’opposer à une loi votée par le Congrès qui aurait permis à la justice américaine de juger les Al-Saoud dans l’affaire des attentats du 11 septembre qui ont détruit les deux tours jumelles à New York et fait plus de 3 000 morts. L’implication de Riyad dans l’organisation de ces attentats est fortement suspectée, d’autant plus que quinze des dix-neuf auteurs étaient des Saoudiens. La lecture des arguments avancés par Obama pour justifier sa décision montre, sans surprise également, qu’ils sont tout simplement farfelus. Il évoque le risque qu’un tel vote porte atteinte au principe d’immunité qui protège les Etats et leurs diplomates de poursuites judiciaires et qu’il constitue un précédent dangereux qui pourrait se retourner contre les Etats-Unis, dont les dirigeants seraient traînés devant les juridictions internationales. Obama fait certainement allusion aux familles des victimes d’Hiroshima et de Nagasaki, de la guerre du Vietnam, et aux détenus torturés des prisons d’Abou Ghraib, en Irak, et à Guantanamo.
En outre, ajoute Obama, la mise en vigueur de cette loi mettrait en péril la vie des fonctionnaires américains qui travaillent dans les pays du Golfe. On sait que les monarchies du Golfe, alliées avec Al-Saoud et engagées avec elle dans toutes les actions qui visent à déstabiliser les pays de la région, n’ont pas caché leur mécontentement devant la démarche du Congrès américain. Les Etats voyous doivent se protéger mutuellement, là est vérité sur le véto d’Obama ! L’administration américaine ne manque pas de montrer à ses alliés du Golfe qu’elle respecte ce «principe» de solidarité. Ainsi, tout laisse croire que les Etats-Unis trainent des pieds pour mettre en œuvre l’accord sur le nucléaire avec l’Iran, appelé Plan d’action global conjoint, conclu l’année dernière. Les institutions financières américaines n’ont toujours pas le droit d’effectuer des transactions en dollars avec l’Iran, ce qui constitue un obstacle majeur pour les entreprises internationales qui veulent faire des affaires avec ce pays.
En fait, l’administration Obama est reconnaissante à l’égard de l’Arabie Saoudite qui lui a acheté pour 115 milliards de dollars d’armes, selon un rapport du Center for International Policy. Un armement utilisé contre la population, en particulier les enfants, au Yémen. Mais le «micmac» d’Obama ne servira certainement à rien. En effet, les observateurs n’excluent pas qu’au vu de la gravité des faits, le Congrès outrepasse la décision du président, en recourant aux deux tiers des élus pour surmonter ce véto. Cette pratique est très rare et, si elle se produit – et c’est fort probable –, ouvrirait la voie à l’entrée en vigueur de la loi votée le 9 septembre et dont l’intitulé est très significatif : justice contre les sponsors d’actes de terrorisme.
Les proches des victimes des attentats du 11 septembre 2001 pourraient alors engager des poursuites judiciaires contre la famille régnante en Arabie Saoudite. Dans ce cas, cela démontrerait la faiblesse du président Obama qui terminerait ainsi son mandat par un échec cuisant.
Autre preuve de son échec : l’incapacité à faire sortir les Etats-Unis du climat de violence qui connaît à quelques semaines de l’élection présidentielle une nouvelle recrudescence avec les émeutes dans la ville de Charlotte, en Caroline du Nord, où les Noirs ont bravé le couvre-feu pour protester contre la mort de Keith Lamont Scott, un citoyen tué par la police mardi. Hier soir, c’est dans un centre commercial de l’Etat de Washington, dans le nord-ouest des Etats-Unis, qu’une tuerie a eu lieu faisant quatre morts.
C’est une fin de mandat présidentiel pitoyable pour le Prix Nobel de la paix !
Houari Achouri
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