Les harkis de nouveau «mobilisés»
Par Kamel Moulfi – Des considérations de politique intérieure française, marquée par la pré-campagne présidentielle dans le contexte sécuritaire dominé par la menace terroriste, ont conduit certainement François Hollande à accepter de faire des entorses à l’histoire de la guerre d’Algérie, voire carrément déformer des faits pour construire son discours sur les harkis en le centrant sur la fable qui raconte leur massacre. Peut-être a-t-il trouvé des oreilles complaisantes ou incrédules en France pour croire à une telle propagande, mais en Algérie, la population est plutôt convaincue du contraire : ce sont bien les harkis qui ont massacré les Algériens.
Ces «collabos», au sens donné à ce mot par la Résistance française pendant l’occupation allemande, ont combattu les Algériens sans aucune pitié, au point où l’on entendait dire à l’époque qu’il était «préférable» d’être pris par les forces colonialistes françaises directement que par leurs supplétifs indigènes locaux. Leurs exactions ont été particulièrement horribles et sont restées dans les mémoires. Ces traîtres ont été «fabriqués» et «dressés» par les services psychologiques de l’armée d’occupation qui ont manipulé les esprits les plus faibles en agissant sur le sentiment tribaliste.
Car quel est le harki qui pensait vraiment que «la Méditerranée traverse la France comme la Seine traverse Paris», ou que «de Dunkerque à Tamanrasset, un seul pays», comme le matraquait la propagande colonialiste qui avait tout essayé et qui continue aujourd’hui encore. C’est cette même propagande, dans sa forme primaire, qui a inspiré récemment un responsable français quand il a évoqué une action du FLN à Alger, pendant la guerre d’Algérie, sans dire que c’était une riposte à la bombe posée rue de Thèbes, dans La Casbah, par les partisans de l’Algérie française, et quand il omet aussi de citer le premier attentat à la voiture piégée dans l’histoire du terrorisme, commis par l’OAS, le 2 mai 1962, contre le centre d’embauche des dockers au port d’Alger, faisant 63 morts et 110 blessés.
En fait, tout laisse indiquer que les harkis sont à nouveau manipulés. Le président Hollande est bien placé pour ne pas ignorer que beaucoup d’entre eux sont restés en Algérie après l’indépendance, sans être inquiétés, à ce jour. Depuis quelque temps, il n’est pas rare que des descendants de harkis regrettent, avec le recul, le comportement de leurs parents contre les Algériens. Pour le reste, c’est une affaire franco-française. Inutile d’y mêler l’Algérie indépendante.
K. M.
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