Deux historiens dévoilent une face cachée de la barbarie française en Algérie
La chaîne de télévision France 24 a diffusé ce matin une émission consacrée à l’affaire des crânes de résistants algériens du début de la colonisation française, dont les restes mortuaires sont au Musée de l’homme de Paris. On a pu voir un condensé de la barbarie du colonialisme français qui a été étalé par cette émission. Ce sont 18 000 crânes qui se trouvent, apprend-on, dans ce musée sur lesquels 500 seulement sont identifiés dont 37 d’Algériens, tués lors des massacrés de l’armée française en 1849, et décapités et dont les crânes ont été considérés à la fois comme trophées de guerre et exposés à la vue du public, et comme objets scientifiques destinés à la recherche sur les peuples indigènes «peu connus à l’époque», explique le commentaire de l’émission. C’est le chercheur en histoire, Ali Farid Belkadi qui a révélé, en 2011, l’existence de ces crânes entreposés depuis 1880 dans les sous-sols du Musée de l’Homme de Paris. Après cette révélation, les crânes ont été aussitôt retirés de la visite du public.
Une première pétition a été suivie d’une autre initiée en mai 2016 par Brahim Senouci, écrivain algérien, résidant en France, et par six autres universitaires, qui a recueilli 30 000 signatures pour exiger la restitution de ces restes mortuaires. Les images ont montré des photos des crânes, avec leurs numéros, et l’armoire métallique fermée, une banale armoire de bureau, dans laquelle ils sont conservés. Il s’agit de restes mortuaires qui appartiennent à Mohamed Lamjad Ben Abdelmalek, dit Cherif Boubaghla, Cheikh Bouziane, chef de la révolte des Zaâtchas (région de Biskra en 1849), Moussa El-Derkaoui et Si Mokhtar Ben Kouider Al-Titraoui, Aïssa El-Hamadi, qui fut le lieutenant de Cherif Boubaghla, et Mohamed Ben-Allel Ben Embarek, lieutenant de l’Emir Abdelkader. Intervenant au cours de l’émission, Ali Farid Belkadi a fait observer que les Algériens dont les crânes sont ainsi séquestrés n’étaient pas des bandits, mais des résistants.
Pour Brahim Senouci, qui est intervenu lors de l’émission, les restes mortuaires doivent être rapatriés pour être inhumés, et pour avoir une digne sépulture sur le sol du pays pour lequel ces martyrs ont combattu et sont morts. Au cours de l’émission, les intervenants ont fait ressortir la dimension morale qui domine dans cette affaire pour laquelle «le temps du silence n’est plus possible», a fait remarquer l’un d’eux. D’après la journaliste qui a commenté l’émission, le rapatriement de ces restes mortuaires exige un décret du gouvernement français qui doit être pris sur la base d’une demande des descendants des résistants concernés ou d’une demande de l’Etat algérien. En juin dernier, le ministre des Moudjahidine, Tayeb Zitouni a affirmé que l’Etat a pris en charge la restitution des crânes de résistants algériens.
Au début de cette année, Tayeb Zitouni a effectué une visite de travail de trois jours en France, la première du genre, qualifiée d’historique et qui s’est terminée, selon les sources officielles, par une «note d’optimisme quant à la volonté des deux pays de régler les dossiers liés à la mémoire en particulier ceux relatifs aux archives, aux disparus et aux essais nucléaires dans le Sud algérien durant la colonisation».
Houari Achouri
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