L’accord «historique» de l’Opep à Alger fait les manchettes de la presse internationale
La presse internationale a consacré de larges espaces à l’accord trouvé entre les membres de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole hier mercredi à Alger. Des médias anglophones aux supports francophones en passant par la presse arabe et asiatique, les résultats de cette réunion informelle ont été diffusés et largement commentés. Le ton change selon qu’on était pessimiste ou optimiste. Les médias anglais et américains ont évoqué un accord au forceps, qui reste fragile en ce sens qu’un pays comme l’Iran risque de ne pas le respecter. Financial Times souligne l’inattendu changement d’attitude de l’Iran, qui n’était pas chaud pour le gel de son niveau de production. La presse francophone a, elle aussi, donné un large écho à cet accord qualifié d’historique. «A la surprise générale, les pays de l’Opep sont tombés d’accord pour réduire leur production d’or noir afin de soutenir des prix durablement affaiblis par une offre excédentaire», écrit le journal français Libération qui rappelle les intenses tractations qui ont duré de longues heures.
Le même regard a été porté par le quotidien économique La Tribune qui insiste sur le caractère «historique» d’un tel accord, considéré comme une «prouesse» en raison de graves divergences et des rapports conflictuels entre deux membres de l’Opep et pas des moindres, à savoir l’Iran et l’Arabie Saoudite. «Au terme d’une réunion de près de six heures et de plusieurs semaines de tractations, l’Opep a annoncé mercredi soir avoir décidé de ramener sa production à un niveau de 32,5 à 33 millions de barils par jour, contre 33,47 mbj en août selon l’Agence internationale de l’énergie (AIE)», souligne le média français qui précise que cet accord a pris les investisseurs par surprise en raison du désaccord avéré entre les poids lourds iranien et saoudien. La Tribune ne se limite cependant pas à cet accord. Ce journal interroge un analyste du marché. «Angus Nicholson, analyste chez IG Markets à Melbourne, a jugé que les détails de l’accord semblaient plutôt flous pour l’instant», relève le média. «Il y a la possibilité que l’Opep ait réussi à se mettre d’accord sur un petit accord lors de cette rencontre qui pourrait ouvrir la voie à un accord sur une réduction plus globale de la production lors de la réunion de novembre de l’Opep à Vienne», ajoute cet analyste.
«Cet accord reste une belle victoire pour les pays de l’Opep. Et pour cause, les analystes jugeaient un accord d’autant plus improbable que dès la veille de la réunion, l’Arabie Saoudite et l’Iran, grands rivaux au Moyen-Orient, avaient dit douter de la possibilité de trouver un terrain d’entente. Leur rivalité avait déjà fait capoter une précédente tentative de gel concerté en avril, à Doha», estime Jeune Afrique. «C’est la première fois que le cartel réagit ainsi depuis 2008, quand la crise financière post-Lehman Brothers avait fait plonger le baril de 147 dollars au cours de l’été à moins de 35 dollars six mois plus tard», souligne le journal Le Monde pour lequel «même fragile, cet accord devrait faire repasser le pétrole au-dessus de 50 dollars le baril, encore loin des 114 dollars atteints en juin 2014. Cette baisse de la production – la première depuis 2008 – devrait être de l’ordre de 700 000 barils par jour, soit entre un tiers et la moitié de l’excédent de production mondiale». D’ailleurs, à l’annonce de l’accord, les cours ont pris jusqu’à 6% et continuaient de grimper dans les échanges électroniques en Asie, bien qu’à un rythme plus faible. Ainsi, vers 1h GMT, le baril de light sweet crude (WTI) pour livraison en novembre, référence américaine du brut, progressait de 23 cents à 47,29 dollars. Le baril de Brent, référence européenne du brut, également pour livraison en novembre, gagnait 22 cents à 48,91 dollars.
La Bourse de Hong Kong a ouvert en hausse jeudi, entraînée par les valeurs énergétiques qui ont bénéficié de l’accord surprise à l’Opep pour réduire la production d’or noir. Avant l’annonce de cet accord surprise, personne ne misait sur une entente entre les 14 pays membres de l’Opep à cause des divergences clairement apparues entre Iraniens qui cherchaient à reprendre leur niveau habituel (4 millions de barils/jour contre 3,4 millions de barils actuellement) et Saoudiens qui continuent dans leur politique «pomper plus pour gagner plus». Le ministre de l’Energie, Noureddine Boutarfa, était optimiste quant à la conclusion d’un accord au bout de cette réunion informelle. Au final, il avait eu raison.
Sonia Baker
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