«Dos d’âne» anarchiques : la circulaire interministérielle très peu appliquée
La circulaire interministérielle luttant contre les ralentisseurs «anarchiques» semble avoir été quasiment ignorée par les autorités locales destinataires de ce texte en février dernier, a constaté l’APS de visu à travers plusieurs villes du pays. Ces «dos d’âne» irréguliers font toujours partie du «décor» des rues et se multiplient même, faisant fi de cette circulaire signée par le ministre de l’Intérieur et des collectivités locales et celui chargé des Travaux publics, qui avait enjoint les autorités locales à prendre les mesures nécessaires pour éliminer cette catégorie de ralentisseurs. A travers ce texte, il était entendu que les autorités locales mettent fin aux anomalies et insuffisances dans la conception et l’implantation des ralentisseurs, occasionnant de graves conséquences sur la sécurité et le confort des usagers de la route, et causant parfois de graves dommages aux véhicules.
Il s’agit notamment de l’implantation de ralentisseurs sans études ni autorisation préalable, de l’utilisation de dimensions et de matériaux non conformes aux prescriptions techniques, du manque d’information et de concertation entre les services des communes et ceux des travaux publics, ainsi que du défaut de signalisation de la plupart des ralentisseurs. Que ce soit dans les cités urbaines, les agglomérations ou les douars, ces ralentisseurs posés illégalement ou mal conçus sont toujours là, et l’on se permet encore d’ériger des «mini-dunes» en béton sans se soucier du danger que cela puisse causer. Beaucoup d’automobilistes se plaignent de l’absence fréquente des autorités face à ce phénomène qui continue à prendre de l’ampleur. «Même si des ralentisseurs sont implantés à des endroits adéquats, ils sont la source d’accidents et de dommages pour les véhicules car mal conçus et non accompagnés de signalisation», se plaignent-ils.
La plupart de ces dos d’ânes «sont faits dans la hâte et réalisés par des riverains ou par les autorités locales sans le respect des normes exigées», constatent des chauffeurs. «C’est devenu une habitude, les dos d’âne sont implantés dans des petites agglomérations au seul gré même d’un riverain. Où sont les responsables locaux ? A quoi a servi cette circulaire interministérielle ? Je n’ai vu, pour le moment, aucune intervention du maire pour trouver une solution à ce problème», s’interrogent d’autres. «Nous sommes favorables à des ralentisseurs conformes aux normes universelles et faits pour la sécurité des usagers de la route», revendiquent-ils. A ce sujet, des présidents d’APC estiment que les opérations de suppression de ces «dos d’ânes» illégaux s’avèrent difficiles car elles sont parfois «avortées» par des riverains qui sont contre leur élimination. Un autre responsable local signale même des actions de réimplantation des ralentisseurs par les habitants d’agglomérations juste après avoir été supprimés par les services communaux.
Interrogé par l’APS, le directeur général des routes auprès du ministère des Transports et des travaux Publics, Mohamed Mahieddine, admet une prolifération des ralentisseurs sur les routes communales qui constituent 52%du réseau routier national. Selon lui, 20 000 ralentisseurs ont été recensés au niveau national dont 48% réalisés sans autorisation, soit plus de 9 600 érigés sans avoir eu recours aux services techniques locaux des travaux publics. D’après lui, arriver à bout de ce problème nécessite l’implication de tout le monde : «Nous n’avons pas de baguette magique. Cela va demander du temps et des moyens. A cet effet, nous avons demandé aux autorités locales de s’impliquer davantage et d’appliquer avec rigueur la circulaire interministérielle». Mais si les autorités locales tentent de justifier la difficulté de supprimer les ralentisseurs mal placés en raison de la contestation des riverains, elles peinent, cependant, à expliquer pourquoi leurs services techniques ne respectent pas les normes de réalisation (dimension, matériel utilisé…) des «dos d’ânes» autorisés.
Comment (4)