La bataille des mosquées
Par Kamel Moulfi – Les lieux de culte, quand ils sont musulmans, posent problème à certains milieux en France, et pas forcément, «exclusivement», ceux situés à droite et à l’extrême droite de l’échiquier politique. Le plus prestigieux de ces lieux est évidemment la Grande Mosquée de Paris et, naturellement, c’est là que se concentrent les attaques contre les musulmans de France perçus comme des terroristes potentiels alors qu’ils sont eux-mêmes victimes des groupes djihadistes français. Symptomatique de ce regard suspicieux sur les mosquées, cette polémique qui tourne autour de la Grande Mosquée de Paris à partir d’une information lancée en décembre 2015 sur son rachat par l’Algérie à travers la «réappropriation» de société des habous et des Lieux saints de l’islam qui la gère.
L’affaire a pris des proportions telles qu’elle a fait réagir, ces jours-ci, deux représentants du Parlement français à une question sur le sujet, pour affirmer qu’une telle opération n’était pas possible au regard du droit en vigueur en France. Cette dimension politique donnée à une information, qui méritait tout juste un démenti publié en entrefilet dans les journaux, trouve son explication dans le contexte plus général alimenté par les déclarations de dirigeants français, dont des officiels qui ont mis en avant le principe de l’interdiction des financements de mosquées par des pays et des fonds étrangers.
L’actualité en France est pleine de faits se rapportant à cette problématique. La grande question qui se pose est de savoir qui va payer la construction de mosquées en France, dans la mesure où les musulmans en nombre croissant ont besoin de ces lieux pour pratiquer leur culte, comme le leur reconnaît la Constitution de ce pays. Evidemment, il faut au préalable régler l’écueil de l’autorisation, le fameux permis de construire que des riverains peuvent bloquer. Mais c’est le problème du financement qui reste dominant comme actuellement à Annecy où une nouvelle mosquée est prévue pour 2017, pour laquelle il faut 1,5 million d’euros dont seulement le tiers peut être fourni par les donateurs musulmans. Qui va avancer le reste la somme ? Un Etat étranger ?
C’est totalement exclu. Le Premier ministre français Manuel Valls est opposé au financement étranger des mosquées, même à hauteur de 10% à 20% comme cela se fait habituellement. Motif avancé par Valls : lutter contre la radicalisation des jeunes musulmans de France dans les lieux de culte. Il y a quelques pays qui donnent des fonds pour la construction de mosquées. L’Algérie en fait partie. Mais ce sont les riches donateurs particuliers comme les hommes de religion ou les émirs du Golfe qui sont suspectés de travailler dans le sens de la radicalisation. Pour parer à cette situation, la création d’une fondation de l’islam de France a été annoncée pour œuvrer à garantir la totale transparence dans le financement des mosquées.
Pour certains spécialistes français, la radicalisation n’a pas besoin des fonds étrangers destinés aux moquées pour se développer à l’intérieur même de la société, elle emprunte d’autres voies et surtout la Toile qui recrute pour les groupes djihadistes, mais aussi les librairies qui diffusent une idéologie qui prépare à la radicalisation. Mais ce sont les mosquées qui sont le plus surveillées par le ministère français de l’Intérieur.
Sur quelque 2 500 mosquées et salles de prière en France, environ 120 sont considérées comme diffusant une idéologie fondamentaliste salafiste, selon les médias français. Une vingtaine, considérées comme radicales, ont été fermées en quelques mois. A Marseille, le problème a été réglé par la mairie qui va résilier le bail du terrain sur lequel devait être construite la grande mosquée de la ville.
Ce projet lancé il y a presque 10 ans n’avait pas de financements. Il fallait au minimum 3 millions d’euros, pour relancer le projet, ils n’ont pas été collectés.
K. M.
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