Ayrault organise une réunion sur la Libye sans l’Algérie : grand fiasco à Paris
Des sources proches du dossier de la crise libyenne font état d’un grand flop à propos de la réunion de Paris sur la Libye. Ayrault s’est retrouvé à présider une réunion d’experts en raison de la défection de plusieurs ministres (dont l’Egyptien). L’objectif de Paris : réunir les «parrains» des deux camps (Turquie et Qatar d’un côté et Egypte, Emirats arabes unis et Arabie Saoudite de l’autre) pour les amener à favoriser un consensus sur formation d’un gouvernement plus inclusif faisant notamment toute la place à Haftar et à ses hommes. Ce dernier veut garder le commandement de l’armée (état-major plus MDN) et le ministère de l’Intérieur, chose que refuse le groupe de Tripoli. Selon les mêmes sources, ce forcing de la France (qui est en compétition avec les Italiens pour truster les ressources pétrolières) risque d’alimenter les hostilités entre les deux camps, d’autant que l’Egypte estime que l’Est libyen tombe dans la zone naturelle de son influence et des impératifs de sa sécurité nationale.
La réunion de Paris s’est déroulée presque simultanément avec la visite du président du Conseil présidentiel du gouvernement d’entente nationale de Libye, Faïz Serradj, et du ministre des Affaires étrangères libyen à Alger. Faïz Serradj a salué le rôle de l’Algérie et son soutien constant à la Libye. A cette occasion, le ministre des Affaires maghrébines, de l’Union africaine (UA) et de la Ligue des Etats arabes, Abdelkader Messahel, a annoncé la tenue fin octobre d’une réunion du Comité des cinq avec les pays du voisinage à l’initiative de l’Union africaine (UA) dans le cadre du suivi de la situation en Libye.
De son côté, le ministre libyen des Affaires étrangères a fait ressortir le rôle de l’Algérie dans le règlement de la crise libyenne à travers les réunions ayant regroupé les belligérants libyens qu’elle a abritées à plusieurs occasions et son appel à la réconciliation et à l’unité nationale ainsi qu’à la préservation de la souveraineté de la Libye. Il a affirmé que «dans toutes les réunions sur la Libye, l’Algérie est, incontestablement, l’un des pays les plus influents».
Abdelkader Messahel a souligné la disponibilité de l’Algérie à garantir l’«accompagnement aux Libyens dans le processus de réconciliation jusqu’à sa concrétisation, précisant que «l’Algérie n’a eu de cesse de souligner que le règlement de la crise en Libye ne peut se faire sans le dialogue et à la réconciliation nationale». Concernant la réunion tenue à Paris sur la crise libyenne et où se sont absentées plusieurs parties concernées, le chef de la diplomatie libyenne a tenu à souligner que cette réunion s’était tenue à l’initiative de la France et que c’était le gouvernement français qui avait convoqué les participants.
Houari Achouri
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