Les «cadeaux» aux uns et aux autres
Par Kamel Moulfi – Ce qui attend les Algériens, chacun dans sa «catégorie», pour 2017 et même au-delà, se concocte en ce moment, à travers notamment la préparation de la loi de finances dont les échos qui fuitent, sous forme de chuchotements confidentiels ou de rumeurs qui courent les rues, n’ont rien de rassurant pour les couches les plus défavorisées de la population et, sur certains aspects, sont perçus comme inquiétants y compris par les couches moyennes. L’absence de loi de finances complémentaire pour 2016 a certainement épargné au pouvoir des conflits sociaux dès la rentrée, mais elle a reporté tout le cumul des «ajustements» sur la loi de finances pour 2017.
En situation de crise, comme celle que traverse l’Algérie, la panacée proposée par les conseillers des institutions financières, Banque mondiale et Fonds monétaire international, relayés par leurs «experts» locaux, est la même partout : la révision de la loi qui régit le système de retraite, l’introduction de la «flexibilité» dans la législation sur le travail, la réduction des dépenses publiques, la suppression des subventions aux produits de première nécessité et aux services publics de base. Ces conseillers ne savent pas regarder ailleurs, quand il s’agit d’imposer l’austérité. Le problème est qu’en Algérie, les «acquis» sociaux ont la peau dure, ils sont considérés par leurs bénéficiaires comme des droits et font partie d’un mode de vie qui est devenu au fil des décennies «normal», bien qu’il soit une «anomalie» dans la région.
Tout le monde, chez nous, le répète : aucun pays ne distribue des logements décents, pratiquement gratuits, aux familles qui sont dans des bidonvilles ou occupent un habitat précaire. Cette démarche est expliquée par certains observateurs comme une compensation aux «cadeaux» offerts aux clientèles du pouvoir dans l’opacité totale, sur le plan des procédures, et dans la discrétion évoquée par le ministre Abdelouahab Nouri à propos des terrains cédés dans le parc des Grands Vents.
Mais cela n’empêche pas les gens d’être au courant et de faire circuler l’information, pour maintenir la pression. La paix sociale, c’est aussi cet équilibre entre les «cadeaux» faits aux uns et aux autres.
K. M.
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