Une contribution de l’Anaaf – Ahmed Ouyahia insulte la diaspora algérienne(*)
Avant, pendant et après la promulgation de la nouvelle Constitution, avec son article 51 si décrié, l’un des premiers personnages de la scène politique algérienne, M. Ahmed Ouyahia, pour ne pas le nommer, chef de cabinet du président de la République, et néanmoins secrétaire général du RND, n’a eu de cesse de s’attaquer avec zèle et frontalement à la communauté nationale à l’étranger. On dit de lui qu’il est à l’origine de l’introduction de ce fameux article 51, qui n’était pas prévu dans les premières moutures. La polémique qui s’en est suivie, avec la réprobation unanime de la communauté, ainsi que de certains partis, dont le premier d’entre eux, à savoir le FLN, prouve s’il en est besoin, l’existence d’un véritable malaise qui entoure cette question dont le débat est loin d’être évacué, puisqu’elle va ressurgir à l’occasion du vote du projet de loi limitant l’accès de nos compatriotes à certaines fonctions au sein de l’Etat.
Toujours selon certaines indiscrétions, on dit que la liste des postes interdits aux enfants de notre diaspora, proposée par M. Ouyahia, aurait été plus longue, allant presque jusqu’à exclure les binationaux de tout lien avec l’Etat algérien ! Que cherche M. Ouyahia à travers une telle animosité, et quelles sont les raisons à l’origine d’une telle hargne ? Dans sa dernière déclaration, il est allé plus loin, accusant les binationaux d’être quasiment des traitres qui ne cherchent qu’à «déstabiliser le pays.» Grave accusation qui jette l’opprobre sur toutes celles et ceux qui ont choisi de vivre ailleurs, souvent poussés à quitter le pays par la faute de responsables qui ont créé une atmosphère de dégoût et de désespoir pour la jeunesse algérienne, les obligeant à chercher ailleurs ce qu’ils n’arrivent pas avoir chez eux.
Accusation qui touche également les parents des générations nouvelles pour lesquelles, en dépit de leur intégration, espèrent pour elles, si ce n’est un éventuel retour, du moins le maintien d’un lien aussi ténu soit-il avec la patrie de laquelle les circonstances les ont éloignés, à leur corps défendant, les empêchant d’y vivre et de bâtir une carrière. M. Ouyahia ignore-t-il que beaucoup d’entre eux ont donné leur jeunesse et d’autres leur vie, pour voir un jour l’Algérie libre et indépendante ? Des binationaux, il en existe y compris dans cette première génération combattante, pour que M. Ouyahia réduise aujourd’hui leur relation au pays «à un passeport».
A l’heure où la communauté est prise dans la tourmente d’une xénophobie et d’une islamophobie sans précédent, M. Ouyahia trouve le moyen de lui planter, encore une fois, un couteau dans le dos. A l’heure où l’Algérie cherche la cohésion et la réconciliation nationales pour se prémunir contre les dangers qui la guettent de partout, M. Ouyahia veut créer une autre discorde, une autre fracture entre Algériens dont les cœurs battent à l’unisson qu’ils soient à l’intérieur ou à l’extérieur du pays. A l’heure où les pays conjuguent leurs efforts de développement avec leurs diasporas respectives, M. Ouyahia insulte la nôtre et la désigne à la vindicte de l’opinion, pour se faire hisser sur le podium d’un patriotisme qu’il veut s’arroger et se propulser un jour à la magistrature suprême.
M. Ouyahia a-t-il peur de M. Nekkaz pour tirer ainsi dans le tas ? Ou a-t-il d’autres desseins inavoués pour régler ses comptes sur le dos de millions d’Algériennes et d’Algériens pour qu’il jette ainsi le doute sur leur qualité de citoyens algériens à part entière ? Nous concernant, on ne fera pas d’amalgame entre cette personne et sa formation politique, au sein de laquelle militent de vrais et sincères patriotes qui aiment leurs concitoyens. Tous leurs concitoyens.
A la veille d’échéances électorales importantes, la communauté saura «séparer le bon grain de l’ivraie» et demeurera vigilante et clairvoyante dans ses positions et ses choix. Son silence devant de telles attaques relève de la pudeur et d’intentions bienveillantes envers son pays d’origine, à qui elle veut épargner une autre «fitna».
L’Histoire jugera.
Abdelkader Raffed
Président de l’Alliance des associations des Algériens de France
(*) Le titre est de la rédaction
Comment (125)