Belkhadem, Nekkaz, Zohra Drif : vives réactions aux accusations de Saïdani
Comme il fallait s’y attendre, les réactions ont été nombreuses et vives aux propos pour le moins ahurissants du secrétaire général du FLN. De Rachid Nekkaz, traité de «marionnette du général Toufik», à Zohra Drif, en passant par Belkhadem et sa famille, aucun n’a été indifférent à ces attaques, grossières pour certains et diffamatoires pour d’autres.
Ainsi, les principaux concernés multiplient leurs interventions sur les différents médias nationaux. L’ex-secrétaire général du FLN et ancien Premier ministre, Abdelaziz Belkhadem, n’y est pas allé de mainmorte pour dénoncer les propos «orduriers» d’Amar Saïdani, en tenant à souligner qu’il n’est pas du même niveau intellectuel pour polémiquer avec l’actuel SG controversé du FLN.
Abdelaziz Belkhadem a donc fait allusion au niveau d’instruction d’Amar Saïdani avant de renvoyer les journalistes à la réalité du terrain, en les invitant à aller dans sa région et à enquêter sur son engagement et celui de sa famille pour la Révolution. Des membres de la famille Belkhadem sont également montés au créneau pour dénoncer des calomnies et des propos attentatoires à leur honneur et à celui de leurs ascendants morts pour ce pays. Accusée d’avoir eu une attitude contrerévolutionnaire, la famille Belkhadem ne compte pas laisser passer les «dérives» du SG du FLN. Ainsi, un des frères d’Abdelaziz Belkhadem a fourni au grand public tous les documents prouvant sa participation et celle d’autres membres de sa famille à la Guerre de libération nationale. Amar Saïdani est donc sommé d’apporter la preuve contraire. Faute de quoi, il risque de se retrouver devant un tribunal.
Zohra Drif Bitat, accusée avec le groupe des 14 moudjahidine ayant lancé un appel pour sauver le FLN d’être à la solde de l’ex-patron des services secrets algériens, a réagi en rappelant qu’elle était engagée dans la Guerre de libération nationale à l’âge de 19 ans et qu’elle n’a aucune leçon à recevoir, de surcroît d’un homme qui excelle dans l’invective et l’insulte. Zohra Drif promet une réaction plus vigoureuse et concertée avec l’ensemble du groupe. Un groupe, faut-il le rappeler, qui continue de collecter les signatures des anciens maquisards en faveur d’une action visant à extraire le FLN des affairistes.
Rachid Nekkaz, que Saïdani accuse d’être manipulé par le général à la retraite Toufik, a été plus offensif, en donnant un ultimatum à Amar Saïdani de présenter des excuses et de retirer ses accusations, qu’il qualifie, bien entendu, d’infondées. Rachid Nekkaz, empêché d’être candidat à la présidentielle de 2014, a ainsi donné jusqu’au 1er novembre pour présenter des excuses. Après cette date, Rachid Nekkaz assure qu’il engagerait des poursuites judiciaires contre le patron du FLN pour diffamation. Rachid Nekkaz ne s’est pas contenté de cela, lui qui a organisé par le passé des sit-in devant un appartement d’Amar Saïdani à Neuilly-sur-Seine. Il a également affirmé qu’Amar Saïdani n’honore pas ses factures d’eau, indiquant qu’il a des dettes de 11 000 euros. Pour Nekkaz, Amar Saïdani n’a toujours pas expliqué par quel miracle il a pu obtenir les centaines de milliers d’euros qui ont servi à l’achat de biens immobiliers en France, en rappelant la législation algérienne de change qui interdit tout transfert de devises à l’étranger.
D’autres personnalités non concernées directement par les propos de Saïdani ont réagi. C’est le cas de Samir Bouakouir, ancien premier secrétaire du FFS. «Les déclarations récentes du SG du FLN accentuent, s’il en faut, l’état de déréliction morale et politique du pays. Plus grave encore, un cap redoutable est franchi dès lors que des accusations d’«intelligence avec l’étranger» sont portées à l’encontre d’autres secteurs du système, a-t-il souligné, regrettant que la scène politique soit «transformée en un ring politique où tous les coups sont permis. C’est le zéro moins l’infini de la pratique politique. Ce n’est, certes, pas nouveau mais le contexte général actuel, à la fois national et régional, donne une résonance plus qu’inquiétante et met en péril la cohésion nationale et sociale».
Sonia Baker
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