Compromission avec les islamistes, affaire Aït Hamouda, participation aux législatives : le RCD au bord de l’implosion
La crise qui a ébranlé la maison RCD suite à l’exclusion «non assumée» de son dernier membre fondateur, Nordine Aït Hamouda, ne finit pas d’avoir des prolongements au sein de ce parti. Les causes qui avaient motivé l’ex-député et vice-président de l’APN à ne pas mener campagne au profit du candidat du RCD aux sénatoriales 2015, semblent peser sur la position d’un groupe de membres du conseil national. Ces derniers avaient interpellé le président Mohcine Bellabas par un courrier dans lequel ils avaient alerté la direction sur des pratiques étrangères au parti, consistant à entériner des décisions par un groupe du bureau régional que Nordine Aït Hamouda avait surnommé ironiquement «GIC», et peser, par la suite, grâce à leur proximité avec le président «réel» du parti qui continue à convoquer chez lui les cadres de Tizi Ouzou «pour leur donner les dernières instructions».
Au conseil national qui se tiendra aujourd’hui vendredi, les membres en voie de dissidence au sein de cette instance, à leur tête deux ex-députés, «sont décidés à dire tout haut ce que la base militante pense tout bas», a révélé une source informée à Algeriepatriotique. Ils comptent interpeller leurs collègues et les membres de la direction nationale afin de les mettre devant leurs responsabilités «quant aux circonstances qui découleront d’une décision à la hâte de participer aux prochaines élections législatives».
Bien que la décision de participer ait été arrêtée et serait entérinée par les membres du conseil national de Tizi Ouzou, en surnombre par rapport à ceux d’autres régions presque démissionnaires, ces cadres frondeurs exposeront leurs arguments pour «avertir contre un coup de force légalisé». Ils évoqueront les raisons qui ont poussé le parti à boycotter les mêmes élections législatives en 2012, quand le parti avait demandé la mise en place d’une commission indépendante, a encore indiqué notre source. «Non seulement ladite commission n’a pas vu le jour, mais, pire encore, le pouvoir a verrouillé l’action des partis politiques par la nouvelle loi électorale qui réduit les formations politiques à collecter des signatures comme toute liste d’indépendants», fait remarquer cette source, qui note que les frondeurs reprochent à l’actuelle direction du RCD d’avoir réduit le parti au rang de «simple spectateur» à l’Isco et à la CTLD.
«Le RCD, estiment-ils, a été contraint de céder sur la plateforme de la Soummam qui a été rejetée par les islamistes comme texte fondateur de l’Etat algérien». En effet, dans la plateforme de Mazafran, il n’est pas fait référence au congrès de la Soummam, mais uniquement à l’appel du 1er Novembre, car mentionnant les principes islamiques dans son texte. Ces cadres demanderont aussi un état des lieux par rapport à ce rapprochement avec les islamistes et toute les concessions qui leur ont été faites pour qu’enfin de compte, ils décident de participer seuls sans prendre l’avis de leurs partenaires aux prochaines législatives. Notre source rappelle que ce sont ces mêmes partis islamistes qui ont pesé dans la dernière réunion de l’Isco pour entériner leur décision et laisser le libre choix aux partis de participer ou boycotter. La base militante du RCD demande à comprendre «pourquoi, alors, s’encombrer avec des alliances contre nature si la décision devient individuelle».
Le conseil national de ce vendredi va être décisif pour ce groupe de cadres, qui seront appuyés certainement pas d’autres militants qui feront entendre leur voix «contre les dérives» de leur parti. Ils sont restés observateurs, pour la plupart, «pour favoriser la voie organique», mais, à présent, «ils comptent bien dire leur mot», note notre source. Selon certaines indiscrétions, le RCD s’oriente vers une participation à ces élections législatives sur fond de crise qui risque de le fragiliser davantage. On murmure même qu’un conflit couve entre le président «légal» qui commence à «être jaloux» de ses prérogatives et le président «réel» qui multiplie ses ingérences dans le fonctionnement du parti.
Pour affirmer son autorité, le président «légal», appuyé par l’aile Jeunesse libre du RCD et des femmes démocrates, qui échappent au contrôle du bureau de Tizi Ouzou, compte organiser un meeting à la Maison de la culture Mouloud-Mammeri le 14 de ce mois, obligeant ainsi les organisateurs du festival d’Aakufi, organisé par la fondation Afud, à annuler carrément cet événement auquel Saïd Sadi avait «consacré beaucoup de temps et de moyens».
Les prochains jours nous éclaireront sur les tenants et les aboutissants de cette crise qui finira par éclater au grand jour au RCD.
Tahar Ouali
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