Dangereuse escalade : Ferhat Mehenni appelle ses militants à «se préparer à parer à toute éventualité»
Ferhat Mehenni vient de franchir un cap dangereux, en annonçant sa volonté de radicaliser le mouvement qu’il préside, le MAK, en préconisant, en des termes à peine voilés, le passage à l’action armée.
Dans un nouveau discours diffusé ce vendredi, le chef du mouvement séparatiste a déclaré : «Nous ne sommes pas des Catalans, des Ecossais, ni des Flamands qui sont opposés à des pouvoirs démocratiques. Nous sommes, à l’image des Kurdes de Turquie, l’Algérie nous traite en ennemis dont il faut éteindre l’identité et la langue, y compris par l’extermination s’il le faut.» Et d’enchaîner : «Nous avons le devoir de nous préparer à parer à toute éventualité. Y compris dans la perspective de l’effondrement du pouvoir algérien, il est vital que la Kabylie soit préparée pour protéger son territoire et ne pas être aspirée dans la spirale de la guerre civile», a-t-il ajouté. Il propose de transformer ce qu’il appelle le «projet pour un Etat kabyle» en «projet pour l’indépendance de la Kabylie», première étape d’une transformation qu’il qualifie de «révolutionnaire».
Par ailleurs, Ferhat Mehenni confirme une nouvelle fois l’existence d’un grave conflit à l’intérieur de sa structure qui oppose deux courants. Il a, pour la première fois, réprimandé en public son dauphin, Bouaziz Aït Chebib, président de la structure en Kabylie depuis quelques années. «La réaction pour le moins inappropriée du président du MAK suite à ce rappel à l’ordre du 25 septembre 2016, dira Ferhat Mehenni, a mis le feu aux poudres et alimenté une psychose au sein des collectifs militants.» Cependant, il décide, par magnanimité, de le maintenir à son poste, tout en lui traçant une nouvelle feuille de route. «Si ces transformations lui sont impossibles, qu’il le dise !» le prévient-il, tout en lui ôtant l’essentiel du pouvoir de décision, en décidant de mettre un terme au «bicéphalisme» qui, selon ses termes, «a atteint ses limites durant cette crise». En vertu de cette décision, le Mouvement aura un seul président qui dirigera les deux structures (MAK en Kabylie et Anavad à l’étranger). Par cet oukase, Ferhat Mehenni veut clairement réduire le pouvoir de l’aile «modérée» et «pacifiste» du mouvement, incarnée justement par Bouaziz Aït Chebib.
Affirmant son autoritarisme, le guide du MAK n’a pas digéré les critiques quiont été formulées à son encontre, depuis sa dernière sortie, dans laquelle il annonçait une purge à grande échelle au sein de son Mouvement. «On me prête depuis, se défendra-t-il, sur les réseaux sociaux, notamment, des méthodes staliniennes que j’ai combattues toute ma vie.»
Enfin, Ferhat rejette toute possibilité de dialogue avec le pouvoir central : «Les approches informelles du pouvoir algérien, si elles s’avèrent authentiques, sont formellement rejetées de ma part», confirmant ainsi indirectement les rumeurs sur l’existence de contacts entre les membres de ce mouvement et des émissaires d’Alger.
B. K.
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