Les Al-Saoud lâchent leurs «constantes»
Par Kamel Moulfi – La paix sociale se paie en «constantes» en Arabie Saoudite. Comment interpréter autrement la décision prise par les Al-Saoud de remplacer le calendrier hégirien par le calendrier grégorien au seul motif de réduire les dépenses budgétaires et faire face à la crise financière qui frappe lourdement les ressources du royaume depuis que le prix du baril de pétrole a commencé sa chute vertigineuse au deuxième semestre 2014 ?
L’explication technique peut paraître convaincante : cette mesure, mise en application à partir du 1er octobre permet d’économiser 11 jours de salaires versés aux fonctionnaires, qui représentent la différence de durées entre les deux calendriers. Faut-il croire à cette explication ? Certes, au plan financier, l’Arabie Saoudite est dans une position critique au point où des dépenses publiques courantes, comme le paiement des salaires, sont compromises et les coupes budgétaires successives n’ont rien changé à cette impasse.
Il en a résulté une situation économique précaire qui justifie l’acceptation par les Al-Saoud de l’accord historique conclu par l’Opep au cours de sa réunion informelle d’Alger. Les monarques saoudiens montrent qu’ils sont prêts à tout pour assurer la paix sociale, condition première pour conserver leur pouvoir. Mais, si le prix du baril dépasse les 50 dollars et remonte vers des niveaux plus élevés, l’Arabie Saoudite reviendra-t-elle au calendrier hégirien ? Les Al-Saoud ont-ils l’intention, au contraire, de profiter de la crise pour couper les ponts avec les traditions et se débarrasser de l’hypocrisie qui marque la vie sociale dans ce pays ?
Le critère déterminant sera dans les réformes consenties par les autorités religieuses du royaume pour changer le statut des femmes et les faire accéder aux droits et libertés dont elles bénéficient dans les autres pays, y compris musulmans. Les «gardiens des constantes» en Algérie, qui tirent sur la moindre tentative d’améliorer l’école algérienne, vont bientôt manquer d’arguments.
K. M.
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