Ahmed Ouyahia lance des piques à Saïdani et élude les questions sensibles
Attendu sur plusieurs sujets polémiques, Ahmed Ouyahia, secrétaire général du RND, a étalé tout son talent de dribbleur qui se faufile entre les questions sans apporter des réponses claires et précises. Tout au long d’une conférence de presse qui aura duré près de deux heures, le patron du deuxième parti du pouvoir a tout simplement éludé les questions sensibles en lançant des piques au secrétaire général du FLN, Amar Saïdani. Interrogé sur les accusations graves proférées par Amar Saïdani contre le général à la retraite Toufik, comme à son habitude, Ahmed Ouyahia commence par dire qu’il n’est pas un commentateur politique. Mais le directeur du cabinet de la présidence de la République, qui a passé le plus clair de sa vie dans les arcanes du pouvoir, estime qu’il est nécessaire pour un homme politique, de surcroît dirigeant d’un parti politique important, de penser aux conséquences de ses propos avant de les prononcer.
Pour lui, quand on attaque un ancien responsable militaire, il faut penser, avant tout, à l’institution, à l’Etat et à la République. Il faut selon lui penser également à tous ceux qui ont servi au sein de cette institution. Le secrétaire général du RND poursuivra en soulignant que les événements de Ghardaïa – que Saïdani considère comme l’œuvre de la manipulation du général Toufik – sont le résultat d’une «manipulation à l’intérieur» et d’une «conspiration de puissances étrangères». Un avis qu’il a déjà eu à exprimer par le passé. Répondant à une question sur les ex-officiers de l’armée française, le patron du RND estime qu’il s’agit d’un «fonds de commerce» utilisé en politique, en soulignant que les ex-officiers déserteurs de l’armée française ont travaillé pour l’Algérie.
«Le président Bouteflika a eu à collaborer avec eux. Le défunt Houari Boumediene, le moustachu, a eu lui aussi à travailler avec eux. Et c’est avec ces ex-officiers qu’on diabolise aujourd’hui que le président Boumediene avait construit une armée algérienne forte au lendemain de l’indépendance», a-t-il soutenu. Ahmed Ouyahia ne commente pas les propos de Saïdani sur Abdelaziz Belkhadem, accusé d’être issu d’une famille au comportement antirévolutionnaire. Mais il exprime toute son admiration à cet ancien SG du FLN, ancien ministre et Premier ministre avec lequel il a eu à travailler. Interrogé sur les contradictions entre les membres du gouvernement d’Abdelmalek Sellal, Ahmed Ouyahia les qualifie des «plus normales».
Selon lui, tous les pays du monde ont au sein de leur gouvernement des contradictions. «J’ai vécu moi-même de telles situations lorsque j’étais à la tête du gouvernement. Ce n’est donc pas propre au gouvernement Sellal», a-t-il assuré. Ahmed Ouyahia a dans ce sillage souligné que son parti a été dès le départ contre le retour de l’importation des voitures de moins de trois ans, assurant qu’il défend plutôt l’option de la multiplication des usines de montage de voitures.
Le patron du RND refuse ainsi de commenter la sortie médiatique de Bakhti Belaïb, ministre du Commerce et membre du conseil national du parti. Sur un autre registre, Ahmed Ouyahia exclut toute alliance secrète avec le FCE d’Ali Haddad. Concernant un éventuel changement du gouvernement, le SG du RND précise qu’il est du strict ressort du chef de l’Etat. Evoquant les prochaines législatives, il estime qu’elles pourraient se tenir en avril 2017.
Ahmed Ouyahia affirme que son parti est prêt à entrer dans cette compétition électorale, se félicitant de la participation annoncée du RCD. Ainsi, Ahmed Ouyahia a répondu à sa manière à toutes les questions, en esquivant les plus sensibles, laissant les centaines de journalistes venus couvrir la conférence de presse sur leur faim.
Sonia Baker
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