Les charlatans ont leur salon ?
Par Houari Achouri – Le 3e Salon des plantes aromatiques, médicinales et à parfum, qui se tient du 4 au 6 octobre, au Palais des expositions, à Alger, répond-il à des critères scientifiques ? Les promoteurs du salon affirment que «les plantes médicinales ont une grande importance dans le traitement et la guérison de plusieurs maladies». Ils assurent que «ces plantes soignent et ne laissent pas de résidus dans le corps humain à la différence des produits pharmaceutiques». Ils jurent que «les plantes médicinales n’ont aucune nocivité et sont dépourvues de toute toxicité», mais prennent la précaution de préciser «à condition de les maîtriser». La question est là : «qui a décrété que ce sont des plantes médicinales ?» Tous les produits exposés (des médicaments censés soigner des maladies chroniques et même le cancer selon les vendeurs), ont-ils une autorisation de mise sur le marché ? Qui contrôle tout cela ? Ces questions sont opportunément posées au moment où la nouvelle loi sanitaire est au stade de projet qui sera soumis au Parlement.
Mardi 4 octobre, jour de l’ouverture de ce Salon, le Dr Lotfi Benbahmed, président du Conseil de déontologie médicale, dénonçait à ce propos, dans l’émission «Invité de la rédaction» de la Chaîne III de la radio nationale, «tous les abus et toutes les dérives qui existent sur le marché, le charlatanisme qui était fait par un certain nombre d’herboristeries qui avaient pignon sur rue, qui se voulaient pharmaciens alors qu’ils ne l’étaient pas, à travers des produits phytothérapeutiques et des compléments alimentaires qui sont souvent de la poudre de perlimpinpin, sinon des toxiques ou alors des médicaments, des principes actifs qui sont intégrés frauduleusement dans ces produits et qui pouvaient porter atteinte à la santé publique».
L’exercice légal de la médecine peut-il se confondre avec le charlatanisme quand ce dernier risque d’être cautionné par une manifestation publique ? Le Dr Benbahmed annonce que «la nouvelle loi va élargir la notion de médicament aux produits de phytothérapie». Il estime qu’«en élargissant la définition du médicament, les pouvoirs publics se donnent les moyens de combler les vides réglementaires et de pouvoir aller au bout de la poursuite des pseudo-herboristes tout en recadrant le monopole des pharmaciens». Il a appelé les citoyens «à la vigilance et à aller acheter les médicaments en pharmacie» et a sollicité les autorités pour «contrôler voire éliminer ce type de commerce préjudiciable à la santé publique».
Il y a urgence à assainir ce secteur d’autant plus que les professionnels qui y exercent ne semblent pas conscients que dans leurs rangs les charlatans qui présentent un danger pour la santé publique sont en nombre non négligeable.
H. A.
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