Les crimes de guerre des Al-Saoud au Yémen deviennent trop apparents : Washington se retire sur la pointe des pieds
Après les raids menés sur Sanaa, la capitale yéménite, qui ont fait plus de 140 morts et plus de 525 blessés parmi la foule frappée par les avions de la coalition arabe dirigée par l’Arabie Saoudite, les Etats-Unis ont annoncé samedi «un examen immédiat» de leur soutien à cette coalition. «La coopération sécuritaire avec l’Arabie Saoudite n’est pas un chèque en blanc», a déclaré Ned Price, porte-parole du Conseil de sécurité nationale de la Maison-Blanche. Il a rappelé que le soutien américain à la coalition a déjà été fortement réduit, après d’autres «incidents» de ce genre. Washington, «profondément troublé» par les raids menés samedi à Sanaa, a annoncé, dans un communiqué, son intention d’«ajuster son soutien afin de le conformer au mieux aux principes, aux valeurs et aux intérêts des Etats-Unis».
Cette déclaration a son importance quand on sait que c’est avec le soutien des Etats-Unis pour le renseignement, que la coalition arabe, créée par l’Arabie Saoudite, a commencé sa guerre contre le Yémen en mars 2015. Le très lourd bilan, à ce jour nettement plus de 10 000 morts dans la population yéménite dont une proportion importante d’enfants, est dû en grande partie aux bombes à fragmentation fournies par les Etats-Unis et la Grande-Bretagne.
Si les Etats-Unis cessent leur soutien militaire à l’Arabie Saoudite dans sa guerre contre le Yémen, ils seront certainement immédiatement imités par les autres pays occidentaux alliés de Washington. Il reste à savoir ce que feront les neuf autres pays de la coalition : Bahreïn, Koweït, le Qatar, les Emirats arabes unis, l’Egypte, la Jordanie, le Soudan, le Pakistan et le Maroc. Tous ces pays arabes participent à cette agression militaire et sont donc complices de crimes contre l’humanité et de crimes de guerre. Car en bombardant des hôpitaux et des écoles, en s’en prenant à des enfants et à des malades et des blessés, la coalition commet des crimes de guerre.
Par ailleurs, tout le monde sait que la coalition utilise des armes et des munitions interdites par les conventions internationales et elle le fait contre les populations civiles, y compris les enfants. En août dernier, une attaque aérienne de la coalition menée contre une école dans le nord du Yémen a fait au moins dix morts parmi les enfants et 21 blessés. Auparavant, en juin, l’Arabie Saoudite inscrite sur la liste noire onusienne des pays qui tuent des enfants avait exigé de l’ONU qu’elle soit retirée de cette liste et Ban Ki-moon a capitulé de façon honteuse et l’a retirée. Si les Etats-Unis adoptent une attitude ferme à l’égard de leur allié traditionnel dans la région, l’Arabie Saoudite, l’ONU changera-t-elle de position sur cette question ? Il est clair que la «communauté internationale» et l’ONU ne veulent pas mécontenter les Saoudiens et les autres monarchies pétrolières du Golfe, à cause d’enjeux économiques, et, pour cela, font montre d’une indolence complice face au massacre de populations civiles au Yémen.
Les rapports des organisations internationales sur la situation dramatique des enfants yéménites – des centaines de milliers risquent de mourir de malnutrition et des millions d’autres n’ont pas accès à l’eau potable et aux soins médicaux – devraient amener cette «communauté internationale» à reconsidérer son appui à l’Arabie Saoudite, comme viennent de le décider les Etats-Unis. En poursuivant son agression contre le Yémen, sans l’appui des Etats-Unis et de ses autres alliés occidentaux, l’Arabie Saoudite sera enfoncée encore plus dans la crise financière qui emportera le régime actuel.
Autrement dit, la guerre au Yémen sera le coup de grâce qui mettra peut-être fin au règne tyrannique des Al-Saoud dont les frasques sont couvertes par les capitales occidentales en contrepartie de contrats juteux.
Houari Achouri
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