Interpol avertit : 6 000 terroristes de Daech circulent avec de faux passeports
Interpol, l’organisation de police internationale, a lancé l’alerte sur les milliers de passeports utilisés par les terroristes de Daech pour se déplacer dans le cadre de leurs activités criminelles. La mise en garde s’adresse aux 190 pays membres d’Interpol pour les appeler à renforcer les procédures d’inspection dans les aéroports, les ports et les postes-frontières, afin d’empêcher l’infiltration de ces éléments. Daech a en sa possession plusieurs milliers de passeports prêts à être utilisés, notamment des passeports syriens authentiques, qui ont été récupérés sur des cadavres de civils ou de soldats de l’armée syrienne, mais surtout, en grande partie, volés alors qu’ils étaient encore «vierges». Daech a également récupéré les machines nécessaires à remplir ces vrais-faux papiers. Ce groupe criminel a ainsi pu établir ses propres «vrais-faux documents», à partir de papiers officiels en y accolant de fausses identités pour tromper la surveillance aux postes-frontières et dans les aéroports et ports d’entrée dans les pays de destination des terroristes. Selon les spécialistes, certains documents de voyage de Daech sont plus vrais que nature.
Les mêmes sources indiquent qu’en décembre 2015, la base des documents de voyage volés d’Interpol contenait 225 000 passeports irakiens, dont 183 000 volés vierges, ainsi que 9 400 papiers syriens volés. Les dirigeants des pays de l’Union européenne et leurs services de renseignement n’ignoraient pas que Daech fabriquait ses propres passeports, mais ils ont pris conscience du danger réel sur eux que tardivement pour diverses raisons et certainement parce que le risque terroriste était sous-estimé ; ils ont laissé faire Daech dans la mesure où, pensaient-ils, ça ne les concernait pas. Mais le 13 novembre 2015, un faux passeport syrien a été retrouvé près du corps d’un des trois terrorises qui s’est fait exploser aux abords du stade de France.
A partir de ce moment, c’est-à-dire quand Daech a commencé à frapper en France et en Belgique, les pays de l’espace Schengen n’ont pas perdu de temps pour faire face au risque d’infiltration de terroristes. Mais il semble bien que c’était déjà trop tard. En février 2016, les autorités allemandes ont décidé de ne plus reconnaître la validité des passeports des réfugiés arrivés en Allemagne depuis les régions syriennes et irakiennes contrôlées par Daech, c’est-à-dire les villes de Deir ez-Zor, de Raqqa et de Hassaké ainsi que Mossoul. Mais il y a un mois, les trois terroristes qui ont été arrêtés en Allemagne après être entrés dans l’espace européen Schengen étaient en possession de documents de voyage confectionnés dans un atelier à Raqqa spécialisé dans les faux papiers réalisés à partir des lots volés en Syrie et en Irak, dans des villes qui ont été occupées par Daech.
Cependant, les faux passeports des terroristes qui représentent une menace directe pour la sécurité partout dans le monde n’ont pas seulement pour origine la Syrie et l’Irak, ils peuvent provenir d’Europe, où d’après Interpol, au total 34 millions de passeports ont disparu depuis 2002, et un grand nombre d’entre eux seraient tombés entre les mains des terroristes. Durement frappé en Irak et en Syrie, où il subit des pertes considérables, Daech veut maintenir son potentiel de nuisance intact en l’exportant vers d’autres régions, notamment le Maghreb et particulièrement la Libye pour en faire une base d’extension de ses activités vers l’Europe.
C’est dans ce contexte qu’Interpol a décidé de rejoindre la coalition internationale dirigée par les Etats-Unis chargée de lutter contre ce groupe criminel, notamment en participant activement aux opérations visant à surveiller et empêcher les déplacements des terroristes, comme le prouve sa mise en garde sur les passeports de Daech.
Houari Achouri
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