Eviter le sort de la mère de Hadjout
Par Kamel Moulfi – Les drames humains qui impliquent la mère et l’enfant deviennent trop fréquents dans notre pays pour qu’ils passent comme de simples faits divers. Leur nature et la brutalité qui les accompagne choquent la société et interpellent spécialistes et autorités. Le cas de la malheureuse mère qui s’est défenestrée en se jetant avec ses deux petits garçons du 5e étage d’un immeuble à Hadjout, entraînant ainsi les deux bébés dans son suicide, nous rappelle que nous sommes en face d’un phénomène plus qu’inquiétant.
Il serait trop facile de s’arrêter à la cause immédiate de cet acte commis par une mère qui était en suivi psychiatrique et qui a rompu son traitement, et classer le dossier comme on dit. Comme on l’a fait pour la mère infanticide de Constantine qui a tué ses deux enfants, un bébé de neuf mois et une fillette de quatre ans, le mois dernier, et dont la mort, il y a quelques jours, a rappelé à l’opinion publique sa tragédie. Il y a de toute évidence, derrière cette situation, une faille dans le rôle de l’Etat et de la société à l’égard de la famille, pour la prévention des infanticides, surtout quand il s’agit de cas suivis médicalement et qui montrent des prédispositions à de tels actes provoqués par un état de démence ou un accès de folie.
La première mesure à prendre est tout naturellement de mettre l’enfant en sécurité. L’affaire de l’enfant de deux ans dont le corps, décomposé et déchiqueté, avait été retrouvé il y a quelques semaines dans une petite localité près d’El-Eulma a montré qu’une simple situation de divorce peut produire l’infanticide par vengeance à l’égard d’un des deux membres du couple. Dans ce cas, c’est de «sang-froid» que le crime, par égorgement, a été commis par le père. C’est clair : la société ne joue plus son rôle de médiation et de conciliation entre les conjoints, une fonction qui lui est pourtant traditionnelle. En Europe, dans les pays où les sociétés ont perdu ce réflexe de solidarité, des faits de ce genre se produisent chaque jour.
Il faut empêcher cette banalisation chez nous. Les Algériens ont commencé à riposter aux enlèvements d’enfants, souvent suivis d’assassinats, ils doivent agir pour éviter aux familles vulnérables le sort de la mère de Hadjout.
K. M.
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