Le MAK veut «négocier» avec le Premier ministre ou la Présidence
Nouveau rebondissement dans la crise que traverse le Mouvement pour l’autodétermination de la Kabylie (MAK). Dans une déclaration au site pro-autonomiste Tamurt, le président de cette organisation, Bouaziz Aït Chebib, affirme avoir été approché par des émissaires du gouvernement en vue de discuter des possibilités de «négociation», même s’il dit n’entretenir aucune illusion sur la sincérité de cette offre. «Le MAK, a-t-il affirmé, a bien été approché de façon indirecte par des relais du régime d’Alger, et contrairement aux divagations malveillantes de ces rumeurs, pas un seul responsable, cadre ou militant, informé de la situation, n’a été dupe de la manœuvre. Tous ont immédiatement situé la «proposition» dans le registre des «pièges attendus» du régime algérien», a souligné Aït Chebib. Avant de lancer : «Nous ne répondons pas à une démarche informelle. Nous avons besoin que la proposition nous soit faite par le Premier ministre algérien ou le porte-parole de la Présidence». Et d’enchaîner, arrogant : «Après cette première étape, très importante, nous aviserons». Autrement dit, la direction de cette organisation clandestine reste ouverte au principe de négociation et aux propositions qui leur seraient faites, sans poser de conditions préalables.
Cette déclaration contraste clairement avec la dernière levée de boucliers de Ferhat Mehenni, chef du mouvement séparatiste mais moins imprégné des réalités du pays, lequel exclut toute option de dialogue avec les autorités politiques du pays. Sur sa lancée, il avait franchi le Rubicon en menaçant de radicaliser davantage le mouvement et d’aller vers des actions violentes. Il a aussi ouvertement accusé Bouaziz Aït Chebib d’avoir mal réagi à ses injonctions – l’organisation d’un congrès extraordinaire, la fusion des deux structures du mouvement, etc. –, mais ne dit pas s’il lui reprochait d’avoir accepté de «tendre l’oreille» à des émissaires venus d’Alger, comme le disait la rumeur, colportée par des militants du MAK en froid avec leur direction, et qui se confirme, donc, aujourd’hui.
Dans un discours prononcé vendredi dernier à l’adresse de ses militants, Ferhat Mehenni a déclaré : «Nous ne sommes pas des Catalans, des Ecossais, ni des Flamands qui sont opposés à des pouvoirs démocratiques. Nous sommes à l’image des Kurdes de Turquie. L’Algérie nous traite en ennemis dont il faut éteindre l’identité et la langue, y compris par l’extermination s’il le faut.» Et d’ajouter : «Nous avons le devoir de nous préparer à parer à toute éventualité. Y compris dans la perspective de l’effondrement du pouvoir algérien. Il est vital que la Kabylie soit préparée pour protéger son territoire et ne pas être aspirée dans la spirale de la guerre civile», avait-il menacé.
B. K.
Comment (96)