Le verrouillage hermétique de la frontière par l’Algérie pousse le Makhzen à écouler sa drogue par voie maritime
La recrudescence du trafic de drogue en mer Méditerranée constatée par les services chargés de la lutte contre ce fléau, est, de toute évidence, le résultat du verrouillage des frontières algéro-marocaines par les services de sécurité algériens qui ne déjouent pas uniquement les plans de Daech, mais aussi ceux du Makhzen et ses filières de narcotrafiquants. C’est ce que montre la saisie par la garde civile espagnole de 19,6 tonnes de résine de cannabis, dissimulées dans des sacs au milieu d’une cargaison de bois à bord d’un navire battant pavillon panaméen en route vers la Libye. L’information donnée par les agences de presse fait état de l’identification par les services antidrogue espagnols d’une nouvelle route empruntée par les trafiquants impliquant des transports de cannabis à très grande échelle en Méditerranée orientale à partir du Maroc.
Il y a moins d’un mois, une autre saisie a été annoncée par la garde civile espagnole portant sur 14,5 tonnes de drogue à bord d’un bateau naviguant en Méditerranée, en provenance du Maroc. Selon les spécialistes, l’Espagne est la principale porte d’entrée en Europe de la drogue provenant du Maroc, par voie maritime qui est devenue son passage obligé. Les autorités algériennes ont fermé aux narcotrafiquants qui viennent du Maroc, leur itinéraire terrestre privilégié et même stratégique qui leur permettait de rejoindre l’extrême ouest du pays dans la wilaya de Naama, considérée comme passage de transit vers des pays voisins puis vers l’Europe et les autres marchés de forte consommation. Le dispositif draconien établi par les services des gardes-frontières algériens a consisté en tranchées de trois mètres de profondeur et de sept mètres de largeur.
Il a fait ses preuves; il est pratiquement impossible d’acheminer, comme avant, de la drogue à travers la frontière algérienne en provenance du territoire marocain. Conséquence immédiate observée par tout un chacun et en premier lieu par les spécialistes de la lutte anti-drogue : les capacités de nuisance de ces criminels, qui agissent en bandes organisées, ont régressé d’une façon très nette en quelques mois. Ce dispositif, appuyé sur les forces de sécurité, des hélicoptères dépêchés sur place et d’autres moyens techniques, a été renforcé récemment par la construction d’un mur en béton le long de la frontière marocaine. Un dispositif à double tranchant puisqu’il permet d’empêcher la drogue et les groupes terroristes venant du Maroc – le lien entre trafic de drogue et terrorisme étant établi – de s’infiltrer dans notre pays et bloque en même temps, de façon hermétique, la fuite, par la contrebande vers le Maroc, de produits subventionnés, le carburant essentiellement, un trafic qui a fait perdre au Trésor algérien chaque année environ trois milliards de dollars, selon les sources officielles.
Au début de cette année, l’Algérie s’est trouvée confrontée avec le problème créé par l’afflux, sur notre territoire, de terroristes marocains en partance pour la Libye pour rejoindre les rangs de Daech. La «tâche formidable»- comme l’a qualifiée récemment, Dalia Ghanem-Yazbeck, la spécialiste du terrorisme à Carnegie Middle East Center – que l’Algérie assure en maintenant le contrôle sur le long de ses vastes frontières avec le Mali et la Libye, est assurée également sur la frontière avec le Maroc où le verrouillage vise à la fois le trafic de drogue et les groupes terroristes.
Houari Achouri
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