Le moudjahid Lakhdar Bouregaâ : «Saïdani et Belkhadem sont des mercenaires»
Lakhdar Bouregaâ, ex-commandant de la Wilaya IV historique, renvoie dos à dos Amar Saïdani et Abdelaziz Belkhadem. Dans un entretien accordé à la chaîne de télévision Ennahar TV, ce chef historique tire à boulets rouges sur ces deux personnages politiques appartenant au «néo-FLN». Il les qualifie de «mercenaires qui s’entredéchirent» pour des «intérêts étroits». Lakhdar Bouregaâ estime que ni les attaques d’Amar Saïdani ni les réponses d’Abdelaziz Belkhadem n’honorent le FLN historique qui a mené l’Algérie à son indépendance du joug colonial. Ce moudjahid, qui a été malmené et torturé après l’indépendance, considère que ces deux personnages se valent et sont issus du même monde politique. «Ils sont pour moi des mercenaires politiques qui œuvrent par tous les moyens à protéger leurs intérêts personnels». «Après cinq mois d’absence, Saïdani attaque Belkhadem parce qu’il est en train de mener un mouvement au sein du FLN contre lui», a-t-il affirmé, soulignant que ces deux personnages n’ont pas dans leurs calculs politiques l’avenir de l’Algérie ni celui de son peuple.
L’ex-commandant de la Wilaya IV historique relève, par ailleurs, que l’Algérie «se porte très mal» sur tous les plans, politique, économique, social et culturel. «Elle s’enfonce dans une dérive très dangereuse», a-t-il mis en garde, estimant que «la médiocrité ne laisse plus de place à la clairvoyance et la compétence». Pour lui, il ne reste plus rien au FLN, qui est «envahi par des gens qui ne cherchent que leurs propres intérêts».
Pour cette grande figure historique, il ne reste plus rien de l’indépendance de l’Algérie et le FLN qui aurait pu symboliser la défense de la souveraineté nationale «n’est plus qu’un instrument utilisé par des opportunistes». Il considère que le pouvoir actuel «accentue le régionalisme et le favoritisme» et «ouvre la voie à tous les vautours politiques qui excellent dans l’art du pillage des richesses nationales».
Lakhdar Bouregaâ met en garde contre «l’exacerbation du sentiment d’appartenance à la tribu», à cause du «discret total» qui frappe la classe politique et plus particulièrement le FLN «qui ne produit plus d’idées ni de programme». Selon lui, la situation ira de mal en pis. «Le pays vit une crise sans précédent qui menace ce qui reste de sa souveraineté», a-t-il averti. Les dirigeants, aveuglés selon lui par le pouvoir, «n’ont aucune vision». «Le pays, a-t-il regretté, vit au jour le jour et l’avenir s’annonce plus sombre qu’on le pensait», prévient Lakhdar Bouregaâ qui a fait part d’un sentiment de «dégoût», de «colère» et de «désespoir».
Le moudjahid a conclu en affirmant que l’Algérie «est malade de son système politique inchangé depuis 1962».
Sonia Baker
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