Bachar Al-Assad : «Nous allons rendre à Erdogan les terroristes qu’il nous a envoyés»
Dans une interview accordée au journal russe Komsomolskaya Pravda, le président syrien Bachar Al-Assad a procédé à un véritable décryptage de la situation qui prévaut actuellement en Syrie et, en particulier, à propos des opérations militaires que son armée mène à Alep avec l’appui de l’aviation russe. Pour Bachar Al-Assad, le principal problème de la Syrie est le terrorisme et, concernant Alep, il confirme son objectif de «nettoyer cette zone, repousser les terroristes vers la Turquie et les faire retourner d’où ils viennent». L’armée syrienne avait enjoint aux groupes terroristes et ceux qui les accompagnent de quitter la ville. Devant leur refus, il ne restait que l’offensive militaire pour les déloger. Il a rappelé le rôle néfaste d’Erdogan et du régime turc qui ont créé Daech, lui ont donné un soutien logistique et permis de vendre du pétrole à travers son territoire.
Cette interview permet de comprendre pourquoi, ces derniers temps, les médias occidentaux anti-Bachar Al-Assad ont été envahis par une telle frénésie dans la désinformation sur la Syrie. L’explication se trouve dans la position stratégique d’Alep, soulignée par le président syrien : c’est la deuxième plus grande ville du pays et elle a un rôle clé dans l’avenir du conflit, dans la mesure où elle constitue une plate-forme pour les déplacements vers d’autres régions et d’autres zones exemptes de terroristes.
Sur le front idéologique, le président Bachar Al-Assad a appelé à une lutte efficace contre le terrorisme en arrêtant de financer l’Arabie Saoudite et à «enrayer le flux d’argent que le gouvernement saoudien, ses ONG et ses institutions investissent afin de promouvoir l’idéologie wahhabite à travers le monde». Il met les dirigeants occidentaux face à leur contradiction : «Vous ne pouvez pas dire : «Je vais combattre cette idéologie» et, dans le même temps, permettre à leurs cheikhs et imams de promouvoir dans leurs médersas cette sombre idéologie». Le président syrien a fait allusion au contexte très tendu dans les relations entre la Russie, qui appuie l’offensive de l’armée syrienne, et les Etats-Unis et les pays occidentaux qui apportent leur soutien aux groupes terroristes.
Le jeu dangereux des Etats-Unis a été mis en évidence, par ailleurs, dans un entretien accordé par le président russe Vladimir Poutine à la chaîne française TF1, qui a été diffusé amputé de passages importants, en particulier ceux où il met en lumière le soutien américain et des pays occidentaux aux groupes terroristes en Syrie. Poutine a accusé implicitement l’aviation américaine d’avoir bombardé les soldats syriens le 16 septembre pour aider les terroristes de Daech à déclencher une offensive à Deir Ez-Zor. Il affirme que le convoi humanitaire près d’Alep a été ciblé par un groupe terroriste et que les Etats-Unis sont au courant.
Poutine confirme sa détermination à poursuivre la lutte antiterroriste de la façon la plus conséquente : «Si nous voulons mener le combat contre le terrorisme jusqu’au bout, il faut le combattre et non pas se laisser mener par la bride, ne pas s’incliner et ne pas reculer». La Russie a donné récemment d’autres preuves de fermeté dans ses positions comme le démontrent, entre autres, la mise en garde contre des frappes américaines qui viseraient l’armée syrienne. La défense aérienne russe ne permettra pas que le coup du 16 septembre soit refait. Elle abattra tout avion menaçant la Syrie, a assuré le président russe qui a décidé de geler de l’accord sur le plutonium avec les Etats-Unis. Poutine a également utilisé le veto russe contre la France au Conseil de sécurité puis refusé de se rendre à Paris. Autant de signes qui annoncent que Daech sera bientôt écrasé à Alep.
Houari Achouri
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