Débat UMP : combat de «roitelets candidats» ?
Par Anaaf – Le débat télévisé du jeudi 13 septembre 2016 sur TF1 entre candidats de la «primaire UMP» pour la prochaine élection présidentielle française de 2017 a été un spectacle politique par excellence et une joute électorale qui donna aux hommes et à l’unique femme présente de se faire valoir, de dérouler leurs programmes respectifs, en utilisant les techniques marketing et l’appel aux émotions de persuasion, sans oublier l’invective et l’attaque personnelle pour déstabiliser leurs concurrents.
Durant tout le débat, les appels aux émotions, comme par exemple le courage face au terrorisme avec pour corollaire le danger et la «menace» que représente l’islam pour la république, la fierté et la confiance dans l’identité et la puissance françaises ont été le type d’arguments le plus souvent utilisés.
L’objet de certains candidats qui n’ont pas de programmes économiques solides, particulièrement sur tout ce qui relève du fléau national du chômage, pour arrêter la descente sociale aux enfers des Français, notamment de M. Nicolas Sarkozy, est de tout faire pour que la prochaine élection se fasse sur la peur de l’identité menacée par l’islam, n’hésitant pas à tomber dans le racisme, le nationalisme sectaire et la xénophobie.
Alain Juppé et Nathalie Kosciusko-Morizet préfèrent apaiser et rassembler tous les Français, au lieu d’attiser des sentiments primaires de vengeance, notamment contre les citoyens de confession musulmane, en leur proposant la défense du droit à une identité commune sans reniement de leurs origines, à une langue commune, à la neutralité religieuse de l’Etat vis-à-vis de tous les citoyens et à la légitimité de l’Etat lui-même.
Les autres candidats se sont montrés un peu nombrilistes et, parfois même, hors du temps et de l’espace de l’émission politique de TF1, oubliant, comme Alain Fillon et Jean-François Copé, qu’ils sont aussi personnellement responsables de l’état désastreux dans lequel se trouve la France lorsqu’ils étaient «aux affaires». Selon les résultats d’un sondage, immédiatement réalisé après l’émission, ils n’ont pas convaincu les téléspectateurs en leur faisant croire qu’ils vont sauver le pays et lui redonner toute sa puissance d’antan. Seul Alain Juppé a été jugé crédible par 60% des téléspectateurs interrogés !
Nous avons donc assisté à un combat de «roitelets candidats», se déniant les uns aux autres toute compétence, postulant tous au titre de «sauveur suprême», capable de redonner du bonheur auquel les Français ne croient plus.
En s’abstenant massivement ces dernières années lors d’échéances électorales importantes, les électeurs français, majoritairement éduqués, informés, conscients de leurs problèmes et ayant même des idées et des désirs très concrets et précis sur les possibilités de leur résolution, ont voulu signifier aux dirigeants politiques des différentes formations qu’ils refusent le slogan «on s’occupe de vous, pas de souci». Comme ils refusent tout rôle indigne qu’on voudrait leur assigner, notamment celui de voter avec leurs tripes et de subir après coup, en silence, au prétexte qu’ils seraient irrationnels et incompétents pour comprendre la gestion des affaires de leur Etat et de leur pays.
En effet, les échanges sur TF1 entre les candidats à la «primaire UMP» ont surtout révélé que la situation devient de plus en plus explosive en France au sujet de certains problèmes politiques qui auraient été abordés, selon certains analystes, en sens contraire des volontés citoyennes.
Pour éviter d’éventuelles convulsions non maîtrisables, il faudrait désormais que ceux qui veulent exercer le pouvoir fassent preuve de plus d’humilité doublée d’une capacité d’écoute et d’une mise en œuvre de décisions approuvées par la majorité des citoyens.
Concrètement, cela suppose la participation de tous, sans aucune exclusion ni stigmatisation, à la gestion administrative, politique, sociale et économique du pays. Une telle démarche fournirait alors un élément déterminant à la prise de décision : la légitimité, ce qui manque le plus et est la cause de tant de conflits et d’échecs. Elle permettrait également de changer totalement le climat politique français, de réduire sensiblement bien des tensions et de se rapprocher de tous les citoyens, notamment ceux de confession musulmane, qui se sentiront moins méprisés et rejetés.
Alliance nationale des associations des Algériens de France (Anaaf)
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