Manifestation contre Saïdani à Aflou : chute imminente du secrétaire général du FLN ?
Actualisé – Nous apprenons de sources informées qu’une manifestation a lieu au moment où nous rédigeons cet article, dans la wilaya d’Aflou, dans le sud-est du pays, appelant à l’éviction du secrétaire général du FLN, Amar Saïdani. Ont pris part à cette manifestation Abderrahmane Belayat ainsi que de nombreux sénateurs et députés, outre des moudjahidine, des enfants de moudjahidine et de chouhada, et le président de l’Association des grands invalides de guerre. Cette action sera suivie par d’autres, notamment à Constantine, Boumerdès et dans une ville de l’ouest du pays, vraisemblablement Mostaganem, Tlemcen ou Relizane, a-t-on appris auprès de sources proches du FLN. Ces actions seront menées par les militants du Front de libération nationale pour exiger le départ immédiat du très controversé secrétaire général qui gère le parti d’une main de fer depuis le coup de force de juin 2015, où, lors d’un congrès houleux, il avait écarté tous ses adversaires et opéré une véritable OPA sur le FLN.
Cette information corrobore celle rapportée par notre site en se référant au député islamiste Hassan Aribi, selon laquelle Amar Saïdani aurait reporté sine die la réunion du comité central qui était prévue le 22 octobre prochain. Pour s’assurer une marge de manœuvre confortable, Amar Saïdani a désigné au bureau politique des membres malléables à merci qui lui ont, jusque-là, voué loyauté et discipline. Mais nos sources confirment qu’un grand malaise règne désormais au sein de cette instance dirigeante du parti. Mais sa dernière sortie lors de laquelle il a tiré à boulets rouges sur le général Toufik et l’ancien ministre d’Etat et conseiller du président Bouteflika, Abdelaziz Belkhadem, lui a valu de nombreuses inimitiés dans son propre camp. Ses partisans estiment, en effet, selon certaines indiscrétions, qu’il est «allé trop loin» et qu’il est désormais temps que le FLN se débarrasse de cet aventurier dont l’attitude hostile et le comportement arrogant risquent de faire perdre au FLN son rôle de parti de la majorité et de léser ainsi son «président d’honneur», c’est-à-dire le chef de l’Etat en personne, à quelques encablures d’échéances électorales sensibles.
En réalité, Amar Saïdani n’a pas attendu son retour et ses attaques intempestives contre le général Toufik et Abdelaziz Belkhadem pour faire parler de lui. Son absence de plusieurs mois avait déjà suscité moult interrogations, tandis que différentes sources faisaient état d’un mécontentement au sein même du FLN et d’un «lâchage sans appel» de celui qui était considéré comme le pilier du système, et dont le rôle était d’amuser la galerie pour distraire l’opinion publique en attendant de trouver une solution «à moindres frais» à la situation de blocage causée par le passage en force du président en exercice en avril 2014.
Navigant à vue, affaiblis par la chute brutale des cours du pétrole, se démenant pour sortir le pays de sa dépendance quasi exclusive des hydrocarbures, le Président et ses proches conseillers voient d’un mauvais œil les écarts répétés du chef de la principale formation politique du pays. Si le fait qu’il traîne des casseroles et ait mauvaise presse n’a jamais dérangé le président Bouteflika dont il s’est toujours servi de paravent, la conjoncture fragile actuelle semble pousser les décideurs à revoir leur copie et à se séparer de cet agitateur en fin de mission.
Nous y reviendrons.
Karim Bouali
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