17 octobre 1961 : la vérité historique libère
Par Anaaf – En reconnaissant les crimes de son système colonial commis en Algérie dans leurs moindres détails, sans les minimiser et sans les justifier, avec lucidité et en toute vérité historique, l’Etat français s’honorerait et donnerait une force et une crédibilité certaine à ses condamnations des crimes commis dans le passé, notamment ceux de la barbarie nazie, mais aussi des crimes commis aujourd’hui par certains pays, certaines dictatures ou les tenants du terrorisme barbare.
La vérité historique ne supporte plus la condamnation sévère et parfois hypocrite de certains crimes pour faire oublier d’autres. Elle exige désormais qu’on reconnaisse un crime et un massacre ou un génocide comme un crime, un massacre, un génocide.
Il n’est plus possible de «dédouaner» le système colonial et les infamies de la guerre d’Algérie avec un simple discours qui fait la promotion d’une culpabilisation feinte. Les descendants des victimes assassinées ou torturées ne veulent plus continuer à se contenter d’excuses plates.
Pour autant, il ne s’agit pas pour les Algériens d’entretenir une quelconque haine ou vengeance vis-à-vis de tout le peuple français en lui imposant une «torture mémorielle» éternelle. Ils exigent légitimement que les crimes et les massacres, commis durant la période coloniale contre leur peuple soient tout simplement assumés et reconnus comme tels et surtout réparés.
Cette réparation ne peut en aucun cas, pour la morale et la vérité historique qui libère, être compensée par de pieux et faux repentirs tout en continuant, par ailleurs et concomitamment, à «glorifier» la période coloniale et ses criminels.
Cette réparation doit être assumée et sérieusement entreprise. Sinon, comment faire admettre aux générations montantes françaises, plus particulièrement celles dont les parents sont originaires d’Algérie, dans les manuels d’histoire de demain l’utilisation «légitime» des bombes pour épargner des vies humaines menacées au Moyen-Orient, pour libérer les peuples de leurs dictateurs comme prétexté dans le cas libyen ou en Iraq, ou la guerre nécessaire contre le terrorisme qualifié de barbare, sanguinaire et totalitaire.
Parmi les crimes et les massacres commis contre le peuple algérien durant la période coloniale, le «crime d’Etat» commis le 17 octobre 1961 relève des pratiques répressives de la machine de guerre coloniale. Ce jour-là, une répression brutale s’abattit sur les milliers de femmes et d’hommes qui manifestaient pacifiquement pour l’indépendance de l’Algérie. Plusieurs dizaines d’entre eux ont été sciemment jetés dans la Seine, parce qu’un sinistre préfet de la République française, Maurice Papon, a donné instruction à ses forces de police de les assassiner sauvagement.
Ce crime comme tous les autres crimes et massacres, à l’image de celui du 8 mai 1945, doit être, en effet, officiellement reconnu et réparé. Les cérémonies rituelles, les discours convenus, compassés et souvent langue de bois deviennent de plus en plus insuffisants, voire agaçants !
Alliance nationale des associations des Algériens de France
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