Affaire du vaccin interdit : les dessous d’un scandale qui n’a pas révélé tous ses secrets
L’affaire du sérum pentavalent pour nouveau-nés n’a pas livré tous ses secrets. Deux semaines après la décision prise par le ministère de la Santé d’en interdire l’utilisation, suite aux scandales qui ont fait la «Une» des journaux durant plusieurs jours, les premières informations font état de l’existence d’un réseau de trafic international qui sévit en Algérie depuis déjà quelques années. Selon les révélations publiées par le quotidien La Nouvelle République, dans son édition d’aujourd’hui (mardi), le fameux vaccin était importé et distribué en Algérie par le patron des laboratoires Serum Institut Of India, l’indien Cyrus S. Poonawalla. Classés 3e producteur mondial de sérum, ces laboratoires se seraient adonnés à des activités suspectes en Algérie. D’après ce journal, ils se seraient impliqués dans des affaires de trafic d’organes, et de sérums et vaccins périmés et de mercure écoulés en Algérie à coup de millions de dollars.
A cela s’ajoutent des affaires de corruption qui ont pourtant fait l’objet de rapports accablants de certains organismes internationaux, comme l’OMS. Entre autres marchés conclus en Algérie par ce groupe, la source cite une convention paraphée simultanément par SII, Biofarm (Inde) et l’Institut Pasteur Algérie (IPA) pour la livraison de deux millions de doses de vaccin DTC contre la rougeole, la coqueluche, la diphtérie et le tétanos. Une autre fourniture de 100 000 doses a été commandée aux mêmes laboratoires au profit de la Cnas et des corps constitués, souligne le quotidien francophone. Ceux-ci, en rupture de stock, ont été obligés de passer commande auprès d’une autre firme indienne, Chiron.
Des informations révélées par la chaîne française TFI ont fait cas de la péremption de milliers de doses de vaccin qui étaient fabriquées à Siena (Italie) par une des filières de l’indien Chiron et stockées dans des locaux à Alger. Autre antécédent grave : la réception, il y a quelques années, de deux millions de doses DTCoq, au profit de l’Institut Pasteur. Une expertise du laboratoire de contrôle et qualité avait attesté que ce vaccin contenait «une toxicité anormale».
Et la question que l’on ne peut s’empêcher de se poser, ici, est de savoir comment les mêmes erreurs se répètent, avec souvent les mêmes opérateurs, nonobstant la gravité des anomalies signalées à chaque fois. D’aucuns expliquent cette situation par l’ampleur de la corruption dans ce secteur vital et sensible, et aussi par les faibles prérogatives dont jouissent les organes de contrôle, eux-mêmes soumis à des pressions multiples. Or, la responsabilité incombe en premier lieu au gouvernement et, particulièrement, au ministère de tutelle qui, souvent, se contente de sanctionner des établissements privés défaillants.
R. Mahmoudi
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