L’escalade syndicale annoncée

Par Kamel Moulfi – Le spectacle désolant offert dans la rue, en matière de civisme, particulièrement chez les jeunes, est le résultat de la situation de l’école algérienne sinistrée depuis de longues années. On le savait, empiriquement ; maintenant, c’est une certitude fondée sur les données têtues que fournissent les chiffres qui ont été analysés par des spécialistes. Le constat de la faiblesse de rendement de l’école a été rendu public sur fond de grève hebdomadaire de deux jours, reconductibles, que les enseignants ont commencé à observer lundi et mardi derniers, pour des revendications qui ont un rapport très lointain avec les considérations pédagogiques.

Des commentaires alarmistes sur les résultats médiocres des examens ont été livrés par un haut fonctionnaire de l’éducation nationale, destinés visiblement à effrayer les parents d’élèves sur le sort qui attend leurs enfants dans un système éducatif qui fabrique l’échec et qu’il faut en urgence réformer. Mais ce sont les échos du débrayage des enseignants qui ont semé une sorte de panique sur ce que va être cette année scolaire. Le suivi de la grève lancée dans les secteurs de l’éducation, en même temps que dans les secteurs de la santé et de l’administration publique, est monté crescendo le deuxième jour et présage d’un taux plus élevé la semaine prochaine.

Qui ne dit mot consent : le silence de l’UGTA et de son secrétaire général, Abdelmadjid Sidi-Saïd, ne peut être perçu que comme une forme d’adhésion implicite au mouvement syndical autonome qui s’en tient à sa mission principale consistant à défendre les intérêts des travailleurs et qui a prouvé qu’il est représentatif dans le secteur de la Fonction publique, pourtant réputé difficile du fait de la vulnérabilité des syndicalistes aux pressions exercées par les administrations à travers les interdictions d’activités et les sanctions professionnelles arbitraires.

Le risque que le mouvement fasse boule de neige dès lundi prochain est renforcé par les nombreux problèmes soulevés par les mesures que le gouvernement envisage face à la crise financière. Il est encore temps pour éviter l’escalade.

K. M.

Comment (4)

    selecto
    20 octobre 2016 - 17 h 48 min

    La grogne des travailleurs
    La grogne des travailleurs gronde à Rouiba, c’est un très mauvais signe pour le pouvoir.

    Smain
    20 octobre 2016 - 17 h 19 min

    retraite
    Les retraites n’ont pas d’intérêt dans le maintien des retraites avant 60 ans révolus qui conduira de toute évidence a la faillite de leur caisse déjà fort malmenée jusque la par les nombreux demandes anticipes.

      selecto
      21 octobre 2016 - 14 h 17 min

      Les caisse sont déjà vides
      Les caisse sont déjà vides depuis longtemps vidées par les escrocs du quatrième .

    lhadi
    20 octobre 2016 - 10 h 26 min

    fausses solutions aux vrais problèmes
    Cessons de tourner autour du pot et ouvrons le couvercle. Les racines du mal prennent source dans cette mauvaise gouvernance qui, à travers ses actions, atteste que le premier des magistrats pisse sur le peuple tout en lui faisant croire que c’est de la pluie. En clair, le vrai problème, il est d’ordre politique, facteur de cicatrices, de fractures, des inégalités, d’exclusions.

    Dans cette république de copains et de coquins, de connivence, du déni absolu de la réalité, du totalitarisme et du manque de courage, l’imprévoyance est à la limite de la responsabilité des courtisans qui se construisent dans le sillage de l’isolement du pouvoir.

    Que le mensonge se dissipe, qu’ils renoncent à la prétention d’être tout.

    La vérité, c’est qu’il y a un pouvoir mais pas d’État d’autant plus que ce pouvoir est omnipotent qu’il est lointain et n’affecte pas réellement les conduites. Il se mue tel un varan derrière cette façade d’institutionnalisation où demeure la réalité d’un pouvoir personnel orienté vers la satisfaction d’un clientélisme familial élargi, échappant largement aux contraintes du droit écrit, et entretenant dans ses pratiques administratives une frontière ambiguë entre la sphère privée et celle du publique.

    L’autorité patriarcale, qui régente la vie de la nation, fonctionne sur l’illusion, le trompe l’œil, le mensonge, la peur pour pérenniser son pouvoir. Par voie de conséquence, on ne doit pas faire silence sur l’essentiel. L’ordre constitutionnel n’est pas assez institutionnalisé.

    Je m’insurge donc contre toute complaisance avec ce président fourvoyé en monarque dont son habilité politique machiavélique, est d’entretenir une vision angélique. Cette autorité politique jamais pleinement intégrée à l’intérieur du cadre de la loi et, dont le populisme demeure la principale source de la légitimité qui est accordée aux représentants de l’autorité, n’est pas digne de sa fonction, de son rôle. Elle ne mérite que le mépris pour la façon dont elle s’acquitte.

    Le fait que je porte un regard lucide sur les réalités de ce système patriarcal ne me conduit nullement à tenir pour négligeable le principal atout de cette mauvaise gouvernance : présenter comme des solutions modernes les pires vieilleries.

    Je le dis comme je le pense. J’ai bien conscience de la fragilité de ce régime défini uniquement par la pratique du Président monarque. Cette façon de gouverner n’est qu’une parenthèse vouée à se refermer : que le système actuel soit maintenant placé sur une pente rapidement déclinante, que sa fin puisse être escomptée à échéances plus ou moins brèves, il ne me parait pas douteux.

    Notre société ne manque point d’individus qui sachent prendre partie pour l’instauration de relations aux antipodes du cynisme dominant. En son sein, il y a des liens méconnus, des influences perdues, des supériorités sans emploi, des hommes qui avaient du crédit et rien à en faire, qui pouvaient beaucoup et qui n’étaient rien. Ils manquent à ce pouvoir parce que ce pouvoir ment à la société, parce qu’il la suppose autre qu’elle n’est, parce qu’il refuse de se communiquer à elle, de se repartir selon la vérité, parce qu’il ne veut pas appeler à lui et laisser agir en son nom.

    L’Algérie dans toute sa composante, doute profondément à l’égard de ce pouvoir. Face à cette inquiétude profonde, à cette fermentation dangereuse à long terme, le gouvernement nie la réalité c’est-à-dire le cocuage de l’Algérie adamantine dont il ne saisit même pas le sens. L’orientation n’est pas dans la bonne direction ni en termes de valeurs ni de priorité.

    Si le gouvernement ne change pas sa façon d’administrer le pays, les intellectuels « ces professionnels de la vérité » dans les domaines particuliers où ils sont en position d’experts ne seront d’aucun secours dans les conditions de notre présent sinistré, et rien de particulier ne se sera déduit de leur expertise spécifique en termes de capacité à statuer sur les choses compliquées, à anticiper les difficultés, prendre en charges attentes et exigences avec les mots qui conviennent, à imaginer des solutions compatibles avec les moyens.

    Fraternellement lhadi
    ([email protected])
     

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