Les opposants à Saïdani annulent leur sit-in et se donnent rendez-vous à l’Aurassi
Les opposants à Amar Saïdani ont décidé d’annuler leur manifestation qui était prévue ce vendredi à Batna, dans l’Est du pays, préférant mobiliser leurs troupes demain samedi à l’hôtel Aurassi, à Alger, où se tiendra la réunion du comité central du Front de libération nationale. Les frondeurs comptent ainsi profiter de cette occasion pour faire entendre leur voix et crier leur colère contre la spoliation du parti par «les puissances de l’argent sale» et «les corrompus», pour reprendre les propos de plusieurs cadres du FLN qui se disent écœurés par le dévoiement du FLN historique par sa direction contestée actuelle. Le FLN nous a habitués aux scènes de violence qui caractérisent ses rendez-vous importants. Il en fut ainsi au moment de la destitution du prédécesseur d’Amar Saïdani par ce dernier. Des affrontements avaient émaillé le congrès qui avait mis fin au règne d’Abdelaziz Belkhadem qui était perçu, pourtant, comme l’homme fort du moment. Ce dernier fut même empêché d’accéder à la salle où se déroulaient les travaux.
Les opposants à Amar Saïdani ont repris leurs actions de protestation et sont revenus sur le devant de la scène après un silence de plusieurs mois, en réaction aux insultes proférées par le premier responsable du parti contre l’ancien patron des services de renseignement, le général à la retraite Mohamed Mediene dit Toufik, qu’il a accusé d’être «l’instigateur» des événements tragiques qui ont secoué le M’zab. Une accusation gravissime qui, non seulement a laissé les gens pantois vu l’absence de réaction officielle, mais aussi et surtout les militants du FLN qui considèrent qu’en tenant de tels propos attentatoires, Amar Saïdani veut, en fait, rallumer la mèche de la discorde dans cette région. Ce qui représente un glissement dangereux.
Le député islamiste Hassan Aribi, se référant à des sources sûres, avait affirmé que le secrétaire général du FLN avait, dans un premier temps, décidé de reporter sine die la réunion du comité central, par crainte de se voir confronté à une levée de boucliers qui lui serait fatale, dans un contexte où sa «côte de popularité» a chuté auprès de ses mentors. Mais il est revenu sur sa décision pour des raisons que nous ignorons – pour le moment. Il se peut, murmure-t-on, qu’Amar Saïdani ait reçu des assurances de la part de ces derniers qui estimeraient que sa mission n’est pas encore terminée et qu’il doit, en dépit de ses dérapages impardonnables, tenir «au moins» jusqu’aux législatives, première étape avant l’échéance fatidique d’avril 2019 qui verra soit le maintien du système actuel en l’état et sa pérennisation, soit le basculement vers un nouveau régime qui effacerait toute trace des quatre longs mandats de Bouteflika.
Nous saurons ce samedi si les frondeurs ont les coudées franches pour déboulonner un Amar Saïdani qui reste de marbre.
Karim Bouali
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