21e Sila : la création littéraire à l’honneur
Les organisateurs du 21e Salon international du livre d’Alger (Sila), prévu du 27 octobre au 5 novembre, ont choisi de marquer ce rendez-vous très attendu par les lecteurs en mettant en avant la littérature. Alors que la commémoration des grandes dates historiques algériennes était en fil rouge du programme des précédentes éditions, les conférences de ce 21e Sila sont en grande partie consacrées aux écrivains, des plus jeunes aux plus confirmés chez les Algériens, en passant par les auteurs étrangers invités. Peu suivies par le public, controversées par les professionnels, les conférences thématiques du Sila font cette année le pari d’attirer les visiteurs à travers des «estrades» présentant le parcours et l’œuvre de romanciers très appréciés des lecteurs comme Waciny Laâredj, Amin Zaoui et Lahbib Sayeh. Il sera, par ailleurs, question des romanciers algériens trentenaires lors de la rencontre «Littérature algérienne, 3e génération», programmée le 29 octobre.
Ces jeunes auteurs, comme Abdelwahab Aïssaoui et Amine Aït Hadi (tous deux prix Assia-Djebar en 2015), se distinguent par les thématiques nouvelles de leurs créations littéraires, un autre atout que les organisateurs ont choisi de mettre en avant. La littérature universelle se réserve, elle aussi, une place de choix dans le programme : conférences d’auteurs primés (le Palestinien Roubeï el-Madhoun, Arab Boker Prize 2015), de membres d’institutions littéraires (Jean-Cristophe Rufin de l’Académie française) et célébration du 4e centenaire de la mort de Cervantès et Shakespeare. Autre rendez-vous, la rencontre euromaghrébine des écrivains, organisée pour la deuxième année consécutive durant le Salon. Elle abordera pour sa 8e édition le thème du «premier roman» qui sera débattu entre des auteurs algériens et leurs homologues du Vieux Continent. Beaucoup de romans, mais pas de prix littéraire.
Du côté des éditeurs algériens, principaux acteurs du Sila, la production romanesque semble avoir été privilégiée, avec pas moins de quatre-vingts romans (en langues arabe, française et tamazight) à paraître durant le Sila ou publiés courant 2016. Roman existentiel nourri du conflit des générations, récit d’anticipation politique ou œuvre interrogeant des lieux et des identités spécifiquement algériens, les romanciers, particulièrement les plus jeunes, proposent cette année un grande variété de thèmes et de formes. Parmi les plus attendus du Salon, les auteurs comme Samir Toumi («L’Effacement», Barzakh), Sarah Haïder («La morsure du coquelicot», Apic), et Aïda Khaldoun («Raihat el Hobb», Mim), qui proposent, chacun dans son style, de nouvelles œuvres devant confirmer, pronostiquent les lecteurs avertis, leur statut d’écrivains prometteurs. A ces publications s’ajoutent celles d’auteurs consacrés comme Waciny Laâradj («Nissa’ Casanova», Enag), Ahmed Taïbaoui («El Maquam el-âali», Enag) et Smail Yabrir («Moula el-Hayra», Hibr) qui devront être présentées au public lors des habituelles séances de vente-dédicace.
Cette richesse de la production littéraire algérienne ne sera pourtant pas récompensée lors de ce 21e Sila qui n’a prévu aucune remise de prix. Décerné pour la première fois en 2015, le prix Assia-Djebar du roman a été reporté à décembre alors que le prix Mohamed-Dib – qui n’avait pas été remis depuis quelques années – a, lui, été décerné à Tlemcen une semaine avant le début du Sila.
Cette absence de prix consacrant la créativité algérienne durant ce grand rendez-vous annuel du livre contraste avec une actualité éditoriale algérienne plus riche en termes de littérature, relèvent les observateurs. 50 pays représentés par 671 éditeurs participent au 21 Sila qui a choisi l’Egypte comme invité d’honneur.
R. C.