La Suisse ramasse les résidus islamistes algériens lâchés partout ailleurs en Europe
Soumis à des pressions multiples dans leurs pays d’accueil, de nombreux islamistes algériens installés depuis plusieurs années en Grande-Bretagne, en France ou en Belgique, ont trouvé refuge en Suisse, où ils bénéficient apparemment d’une plus grande liberté de mouvement, malgré les nouvelles mesures de restriction dans ce pays. De l’ex-chef terroriste et fondateur du sinistre Fida, Mourad Dhina, au félon devenu cyberpropagandiste Karim Moulaï, dernier à venir s’y installer, en passant par l’ex-membre du GIA, Merouane Benahmed, condamné à mort en Algérie, toute la galaxie islamiste issue de l’ex-FIS se niche aujourd’hui dans les principales villes suisses, comme Berne ou Zurich. Le gouvernement suisse a durci les mesures de surveillance des éléments soupçonnés de liens avec la mouvance djihadiste, suite à la vague d’attentats qui a secoué l’Europe ces deux dernières années, en multipliant notamment les alertes et en intensifiant sa coordination avec les autres capitales occidentales pour lutter contre les réseaux terroristes, mais continue, étrangement, à fermer les yeux sur la présence, pourtant très visible, de ces islamistes algériens sur son sol, en leur assurant toutes les conditions de séjour.
Une enquête publiée en mai dernier a révélé que les réseaux djihadistes internationaux passaient aussi par la Suisse. Se basant sur des faits fournis par un expert helvétique dans la lutte contre le terrorisme, cette étude confirme la participation aux actions terroristes menées en Europe de nombreux djihadistes venus de Suisse. Elle souligne à la fois le manque de volonté politique de lutte contre ce fléau et l’absence d’un dispositif juridique pour réprimer le terrorisme.
Ce n’est que maintenant que les autorités de ce pays s’agitent pour pallier ce manque. Selon Jean-Paul Rouiller, fondateur du Geneva Centre for Training and Analysis of Terrorism (GCTAT), et ancien du service de renseignement stratégique de la Confédération helvétique, la Suisse ne dispose pas d’une loi spécifique sur le terrorisme. C’est pour toutes ces raisons que les terroristes évoluant dans la région ont trouvé ce pays comme un «refuge sûr» qui leur permet de préparer leurs opérations en Europe et même au Maghreb. Il est un fait établi que les sites d’endoctrinement, de recrutement et de formation pullulent ainsi sur le territoire helvétique. C’est à partir de ce pays que l’organisation Al-Qaïda diffusait depuis des années ses communiqués de guerre.
Par ailleurs, certaines ONG suisses, à l’image de Trial, ont apporté un soutien actif aux islamistes du FIS, en s’appuyant notamment sur une campagne médiatique synchronisée contre l’Etat algérien et ses symboles, et bâtie sur la vieille rengaine du «qui tue qui». En plus du soutien politique et médiatique, les terroristes et leurs soutiens bénéficient également d’un réseau de financement occulte qui transite essentiellement par la Suisse, devenu un «paradis» pour les bailleurs de fonds du terrorisme qui multiplient les placements dans des banques suisses qui leur assurent ainsi une impunité totale. Ces fonds ont servi, pendant les années 1990, au financement des groupes islamistes armés algériens, au recrutement et à l’acquisition d’armes et autres équipements.
R. Mahmoudi
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